Publiée en 1578 par le provincial et gascon guillaume Du Bartas
(1544-1590), La Sepmaine illustre ce qu'est devenu, au
XVIe s., le thème ancien de l'hexaméron. Loin de toute
exégèse minutieuse, cette narration poétique des sept premiers
jours se laisse aller à l'association d'idées, voire à une certaine
nouveauté, tout en se conformant strictement au dessein de
magnifier le Créateur à travers le foisonnement du monde créé. Le
succès de l'oeuvre fut immédiat, aussi bien auprès des protestants
que des catholiques, d'autant plus que son auteur, calviniste
convaincu, se refusa d'envenimer davantage les querelles
religieuses (pour mémoire, le massacre de la Saint-Barthélemy date
de 1572). Cette attitude «oecuménique» fut d'ailleurs partagée par
ses deux principaux «commentateurs». Le premier, Simon Goulart
(15431628), pasteur genevois ayant joué un rôle important dans
l'histoire du calvinisme, fit paraître, en 1581, ce qu'il
considérait lui-même comme un indice et non un commentaire, soit
une suite de notices (noms propres et noms communs) semblables à
celles d'un dictionnaire et destinées à faciliter la lecture de
La Sepmaine en éclairant ses termes et notions. Le second,
Pantaleon Thevenin (né vers 1560), érudit lorrain catholique,
publia, en 1585, des annotations, souvent érudites, destinées à
souligner, au fil du texte de La Sepmaine, ses qualités
rhétoriques et dialectiques. Heureusement accompagnée de ces deux
commentaires qui n'avaient plus été publiés depuis 1616 pour le
premier et 1585 pour le second, la présente édition critique de
cette oeuvre épique, panégyrique, prophétique et finalement
encyclopédique qu'est La Sepmaine présente donc l'intérêt
de nous fournir tous les documents nécessaires à l'intelligence de
ce texte qui lui-même nous donne accès à la vision du monde des
hommes de ce temps. - J.-F. Stoffel