Ce petit livre nous place devant le drame de la souffrance qui est la grande énigme de l’histoire des hommes, surtout pour les croyants. L’A. relit toute la Bible pour aborder les divers aspects de la souffrance et nous faire découvrir, pas à pas, comment la Révélation biblique assume cette terrible réalité et apporte son propre éclairage. Les auteurs bibliques réfléchissent tout particulièrement sur la responsabilité de Dieu et la relation complexe entre le péché et la souffrance, en montrant qu’on ne peut « penser que, si l’on est malheureux, c’est parce que l’on est puni par Dieu ».

Pour la Bible, la souffrance est paradoxale : Dieu veut nous sauver de la souffrance qui est d’abord un mal, mais elle peut devenir une voie privilégiée du salut. Les épreuves peuvent être éducatives. Le Magnificat et les Béatitudes manifestent même le paradoxe étonnant du bonheur de ceux qui souffrent. La souffrance de Jésus, mort pour nous, transforme la souffrance la plus injuste en lui donnant une « utilité universelle » : « Tout Fils qu’il était, il apprit par ses souffrances l’obéissance, et, conduit jusqu’à son propre accomplissement, il devint pour tous ceux qui lui obéissent cause de salut éternel » (He 5,8-9).

L’A. aborde encore la question de l’eschatologie finale. En s’appuyant sur 1 Co 15,20-28, il invite ses lecteurs à réfléchir sur « la conception courante selon laquelle l’avenir éternel des humains se répartit entre un enfer et un paradis ». L’A. se demande si l’amour de Dieu pourrait se résigner à ce que certains vivent « sans remède une éternité de souffrance ». Mais l’avenir de l’humanité ne reste-t-il pas un mystère qui échappe à l’emprise de l’homme ? Seule l’espérance qui donne le dernier mot à Dieu, sans juger à sa place, peut le faire marcher. — P.-M. Jerumanis