La première traduction complète du De Trinitate d'Hilaire
(A. Martin et L. Brésard, coll. Les Pères dans la foi, 3 vol.,
1981) était revêche. Celle-ci est fondamentalement l'oeuvre du P.
G.-M. de Durand (✝) entièrement revue par le P. Ch. Morel et le P.
G. Pelland. Elle est lumineuse, fidèle au mouvement de la pensée,
même si elle a dû à l'élégance sacrifier l'imperatoria
brevitas d'Hilaire. Le texte est celui édité par Smulders dans
le CCL, «y compris la disposition des paragraphes et leur
numérotation» (p. 187). Les raisons critiques des modifications
apportées sont données par J. Doignon (✝) (p. 167-186). Le même
auteur propose une étude rhétorique de l'art d'H. (p. 145-166).
L'introduction historique, littéraire et théologique est de M.
Figura traduite par A. Courbon-Koesters: Hilaire (✝ 364/367), son
oeuvre et son temps (p. 11-45). Elle donne la genèse, le plan et le
contenu d'un ouvrage écrit entre 356 et 360, dont le titre
inauthentique a varié pour mieux en cerner l'objet: De Fide (I-III)
et Contra Arianos (IV-XII) (p. 53). La table détaillée des matières
de l'ouvrage (p. 54-75) ne dispense pas de se référer aux ch. 20-36
du Livre I où Hilaire dessine après coup, semble-t-il (I, p. 243 n.
4), le développement de son Traité (p. 243-273). Parmi les aspects
doctrinaux de l'ouvrage, l'introduction en relève les positions
trinitaires et christologiques, d'une rigoureuse orthodoxie
nicéenne qui ne se confond pas avec l'usage de l'homoousios. La
lutte pour la vraie foi (notamment contre le prédécesseur de S.
Ambroise, Auxence de Milan, p. 131), n'exclut pas chez H. une
tentative de conciliation entre l'homoousios et l'homoiousios dans
le livre des Synodes (p. 119). Les trois premiers livre
s (tome I), après avoir rapporté la recherche religieuse d'Hilaire
(I,1-14), exposent la doctrine d'après le symbole baptismal, en
soulignant l'unité et la distinction du Père et du Fils. Les livres
IV à VIII (tome II) discutent Arius dont la lettre à Alexandre est
deux fois retranscrite (tomes IV,12-13 et VI,4-6). Contre Arius, H.
entend prouver d'abord par l'Ancien Testament (Dt 6,4)
l'engendrement éternel du Fils (L. IV) et la vérité de sa divinité
(L. V). Celle-ci est manifeste dans le Nouveau Testament (L. VI) où
l'évangile de Jean enseigne l'humanité et la divinité de Jésus
Christ, un avec le Père (L. VII, «le plus important», VII,1) d'une
unité de nature dont l'Eucharistie est le sacrement et l'Esprit le
sceau (L. VIII).
Ce schéma ne dit rien du souffle qui anime l'ouvrage. L'A. y
exprime pathétiquement le dilemme du croyant dont le silence autant
que la prédication peuvent offenser la foi de l'Église (VII,1)
violentée par les hérétiques (II,2-5). Le même souffle inspire les
humbles prières (I,37; VI,19) du confesseur de la gloire divine. Le
P. A. Solignac a effectué une révision d'ensemble (I, p.7) de cette
édition particulièrement soignée. Signalons la traduction de unius
par «monade» (II, p. 22) et de singularis par «solitaire». Vu la
répartition des sous-titres, la table des matières ne reprend pas
la numérotation des paragraphes. - A. Chapelle, S.J.