Le Cantique des Cantiques. Livre de la plénitude. Une approche anthropologique et théologique

Yves Simoens s.j.
Écriture Sainte - Recenseur : Jean Radermakers s.j.
C'est un beau commentaire et une interprétation attachante du Cantique que nous offre l'A., bien connu de nos lecteurs: exégète jésuite, qui enseigne l'Écriture au Centre Sèvres de Paris et à l'Institut biblique pontifical de Rome, après avoir été professeur à l'IÉT de Bruxelles (cf. NRT 120 [1998] 290s.). Inspiré par le travail fondamental d'A.-M. Pelletier (Rome, PIB 1989) et les réflexions suggestives de P. Beauchamp (Paris, Seuil, 1990), il nous propose en effet une lecture à la fois anthropologique et théologique de cette oeuvre unique dans la Bible, et dont l'interprétation a été et est encore tellement disputée, où l'amour charnel et le spirituel sont si intimement mêlés. La perception de l'A. est encore un peu cérébrale, mais son style est vif et alerte, et il entraîne le lecteur dans la poétique du texte.
Son commentaire, à la fois dense et touffu, bourré de citations et d'allusions bibliques tente avec succès de nous faire saisir le mouvement du poème à travers une structure à double cycle, et de nous donner la compréhension des sensations et des sentiments, puis des perceptions théologiques qui affleurent dans ce poignant drame de l'amour. Il nous indique les harmoniques subtiles entre nature et grâce, Ancien et Nouveau Testament, désir et jouissance, promesse et accomplissement dans le jeu délicat des sexes en quête incessante de l'amour, entre recherche et rencontre, exaltation et impuissance, angoisse et apaisement. Bref «un chant de plénitude». L'A. nous fait comprendre, au fil du texte, comment ce poème de Sagesse parcourt toute l'amplitude de la vie amoureuse: celle de la femme et de l'homme, de la Sulamite et de Salomon, d'Israël et de Dieu, de l'Église et du Christ, depuis l'origine jusqu'au terme de ce poème grandiose, qui est peut-être l'oeuvre d'une femme inspirée.
Manque pourtant une dimension que nous restituerait sans doute mieux une sensibilité féminine. En effet, si l'A. nous mène à «comprendre» notre perception de lecteur, nous aide-t-il assez à «sentir» et à «goûter» le chant lui-même dans sa plénitude, avec l'incomparable musique de la poésie hébraïque, le fondu des images, la réminiscence des thèmes, et ce tressaillement de tout l'être emporté par l'amour qui transparaît dans le texte lui-même? En finale, sa relecture de Gn 2-3, inspirée du regretté Paul Beauchamp, est fort éclairante. Elle nous montre que la dimension moralisante des commentaires habituels doit être dépassée dans une vision plus vive de la puissance rédemptrice de la grâce du Christ. À lire assidûment et à méditer. - J. Radermakers, S.J.

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