Le Cantique des Cantiques. Livre de la plénitude. Une approche anthropologique et théologique
Yves Simoens s.j.Écriture Sainte - Recenseur : Jean Radermakers s.j.
Son commentaire, à la fois dense et touffu, bourré de citations et d'allusions bibliques tente avec succès de nous faire saisir le mouvement du poème à travers une structure à double cycle, et de nous donner la compréhension des sensations et des sentiments, puis des perceptions théologiques qui affleurent dans ce poignant drame de l'amour. Il nous indique les harmoniques subtiles entre nature et grâce, Ancien et Nouveau Testament, désir et jouissance, promesse et accomplissement dans le jeu délicat des sexes en quête incessante de l'amour, entre recherche et rencontre, exaltation et impuissance, angoisse et apaisement. Bref «un chant de plénitude». L'A. nous fait comprendre, au fil du texte, comment ce poème de Sagesse parcourt toute l'amplitude de la vie amoureuse: celle de la femme et de l'homme, de la Sulamite et de Salomon, d'Israël et de Dieu, de l'Église et du Christ, depuis l'origine jusqu'au terme de ce poème grandiose, qui est peut-être l'oeuvre d'une femme inspirée.
Manque pourtant une dimension que nous restituerait sans doute mieux une sensibilité féminine. En effet, si l'A. nous mène à «comprendre» notre perception de lecteur, nous aide-t-il assez à «sentir» et à «goûter» le chant lui-même dans sa plénitude, avec l'incomparable musique de la poésie hébraïque, le fondu des images, la réminiscence des thèmes, et ce tressaillement de tout l'être emporté par l'amour qui transparaît dans le texte lui-même? En finale, sa relecture de Gn 2-3, inspirée du regretté Paul Beauchamp, est fort éclairante. Elle nous montre que la dimension moralisante des commentaires habituels doit être dépassée dans une vision plus vive de la puissance rédemptrice de la grâce du Christ. À lire assidûment et à méditer. - J. Radermakers, S.J.