Ce lauréat du « prix de la liberté intérieure 2021 » a touché largement au-delà des frontières du catholicisme par la beauté de sa langue et de son aventure ! Pourtant, c’est bien l’histoire autobiographique de celui qui fut novice jésuite : son expériment de « mois mendiant », un mois de marche sans argent, avec un compagnon qu’il n’a pas choisi.
C’est en effet la quête d’un homme dont il est question : rompant avec ses habitudes et la course au profit, il cherche sa route et se pose un temps au noviciat jésuite, tout en restant admirateur de Rimbaud, Casanova, Charles de Foucauld, Kerouac, St Benoît Labre parce qu’une « mystérieuse parenté l’attire depuis toujours vers ces destins de moines, de pèlerins, de vagabonds célestes » (p. 20) bien avant qu’il n’aborde ces 30 jours de marche. Avec son compagnon de route, Parsac, ils choisissent d’arpenter le Massif central par le GR 4, d’Angoulême à l’abbaye N-D des neiges, par admiration pour Charles de Foucauld qui est l’un des compagnons invisibles de leur marche, avec Rimbaud dont l’A. a apporté un volume dans son sac. Curieux compagnonnage spiritualo-littéraire qui rythmera les réflexions tout au long de leur chemin.
Alors s’ouvre la marche à proprement parler et le chemin dans ce qu’il offre à vivre en ses méandres : l’accord ardu du corps éreinté, parfois souffrant, et de l’âme mais également la délicate entente avec le compagnon de route et les circonstances, facilitantes ou terriblement déplaisantes, mais qui restent maîtresses de vie ! De tout cela résultent autant de belles découvertes à l’aune de ce qui est croisé, par exemple à Orcival : « pour monter haut, il faut garder les pieds sur terre et le sens du concret » (p. 217), ou lors d’un dîner : « ces gens ne passent pas dans les journaux mais ils ont de la noblesse et du cœur au ventre » (p. 225). Il serait vain de les recenser, mais l’on ne peut que savourer ce récit d’une vie qui croît en liberté et provoque la nôtre à faire de même. — I. Payen de La Garanderie o.v.