Cet ouvrage en deux volumes réunit vingt-neuf articles déjà
publiés. L'auteur ne pouvait honorer ce défi de cohérence qu'en
raison de sa perspective: le style évangélique, comme manière de
faire de la théologie en postmodernité. Le propos traverse les
disciplines, car il relève d'une théologie qui se pense comme
'science de l'acte de foi', à la croisée de la fondamentale, de la
dogmatique et de la spiritualité. Après 'l'ouverture' où sont
livrées, à la manière d'un thème musical, les convictions qui
traversent l'oeuvre, s'offre la possibilité de vérifier, en telle
variation ultérieure, la pertinence et la fécondité de l'approche,
qu'elle s'attelle à un 'diagnostic théologique du moment présent'
(1re partie), à une réflexion sur 'la manière de procéder en
théologie' (2e partie), à 'lire les Écritures en théologien' (3e
partie) ou à réfléchir sur 'la question du christianisme comme
style' dans l'acte de 'croire en Dieu', 'dans l'Église' et en
'ouverture messianique à la création' (4e partie). Fruit d'un
dialogue avec la pensée contemporaine et d'une méditation
sapientielle des Écritures qui privilégie certains lieux
scripturaires (Sg 7,27 ; Jr 31,34 ; le chapitre sur l'épître aux
Hébreux nous paraît crucial), la notion de style ou de 'manière
d'habiter le monde' s'ancre dans 'l'hospitalité du Nazaréen',
ouverte à tous, de l'intérieur de son humanité et de sa relation au
Père. Par 'l'authenticité', 'la vérité' et 'la justesse'
(catégories d'Habermas) de sa manière d'être et de vivre la 'règle
d'or' en parfaite 'concordance', et par sa capacité d'entraîner
d'autres sur ce chemin d'humanité, au-delà des appartenances
communautaires, le 'saint de Dieu' (Jn 6,69) dévoile en toute
crédibilité que ce dernier n'a rien d'autre à nous donner que
Lui-même et sa sainteté, 'démesure' toujours livrée à la 'mesure'
singulière d'un chacun. S'effaçant silencieusement dans le don, le
Donateur ouvre, au-delà de la religion, l'espace et le temps de
l'histoire et du monde dont il est 'le mystère', pour que chaque
homme puisse y éprouver librement la bienheureuse solitude où il se
vit en communion avec d'autres 'uniques', dont l'existence est
'réussie' en tant qu'elle se découvre issue d'une commune
miséricorde. Née d'une contemplation ignatienne de la vie du Christ
en ses rencontres, la théologie comme style, en perpétuelle
'posture d'apprentissage', se veut discrète servante du mystère
d'humanisation de l'homme qui marche humblement avec son Dieu. Se
dessinent les contours d'une foi en constante mutation, d'une vie
d'Église en compagnonnage mutuel et d'une théologie des religions
qui cherche à désarmer la violence en habitant l'hospitalité
universelle du 'Nazaréen'. En présence de cette proposition
théologique et selon son esprit, reste au lecteur d'interroger son
expérience spirituelle la plus intime, pour y découvrir la
singularité d'un écho, ou l'écho d'un surcroît qu'elle n'épuise
pas. - A. Bégasse de Daehm sj