Les apparitions de Marie ne sont pas objet de foi. St Jean-Marie Vianney fut torturé par l’apparition unique de Notre-Dame à La Salette (au-dessus de Grenoble, à 250 km d’Ars), le 19 sept. 1846, après que Maximin, l’un des voyants, vint à Ars lui parler en 1850. Comment démêler cet imbroglio politico-religieux, avec une pointe apocalyptique, et dans une perspective post-janséniste ? Plus simplement, comment comprendre le message de La Salette ? Ne présente-t-il pas un Dieu colérique vs un Dieu miséricordieux ? Jean Stern, né en 1927, fils d’Israël ayant « reconnu en Jésus de Nazareth le Messie » et missionnaire de la Salette, a écrit plusieurs articles dans la NRT, sur l’Église et sur Marie. Il livre ici une enquête historique précise sur les événements et corrige l’interprétation habituelle sur les « mystifications », ayant eu accès à des Archives du Vatican (p. 83). Il réfléchit à frais nouveaux sur la manière dont le saint curé d’Ars eut à opérer son discernement, lui qui écrivait en plein doute : « Si ce fait est l’œuvre de Dieu, l’homme ne le détruira pas. » Le grand intérêt de cette étude est donc son caractère théologique. Au lieu de présenter la Vierge de La Salette comme une mère s’interposant entre les hommes impénitents et le Fils vengeur, il nous faut croire que celui qui juge est le même qui sauve (p. 101). Avec une finesse (les affirmations de N.-D. sur le « septième jour », chap. 11) et une justesse assurée, l’A. renvoie ainsi la question du St curé d’Ars à celle qui régit l’interprétation de la révélation elle-même : il n’y pas d’opposition entre l’AT et le NT, mais « s’il ne rend pas grâce à Dieu, l’homme devient un estropié, un infirme » (p. 104). M. Vianney crut finalement à la véracité de l’apparition. — A. Massie s.j.