Le Dieu sauvage. Pour une foi critique

M. Bellet
Théologie - Recenseur : Hubert Thomas
Ce livre qui déroule son langage abstrait pourrait tout aussi bien être une narration, une histoire. Et même des histoires, des «vies minuscules».
Car ce qui est dit là peut être l'histoire de quelqu'un…d'un grand nombre. Ce sont des gens qui, selon les mots convenus, ont perdu la foi. Mais, au point où ils en sont, c'est bien autre chose que «ne plus aller à la messe». C'est la perte de Dieu, et non simplement, la perte d'une idée sur Dieu, d'un discours parlant sur cette chose-là. Dans le langage de M. Bellet, ce serait être pris dans «l'explosion du theos», lorsque la fonction de Dieu est mise en cause comme axial, comme fonction majeure. Épreuve redoutable lorsqu'on se rend compte de tout ce qui peut alors venir prendre la place de Dieu, que la Bible appelle les idoles.
Qui en vient là ne peut être que serré de près par la question: «que reste-t-il quand il ne reste rien ?» ou encore: «qu'est-il nécessaire pour qu'une humanité soit?». En ce point critique qui est le passage hors du meurtre, de la destruction et de l'abîme (tout ce qui abîme l'humain en l'homme), il se peut que l'Évangile comme Évangile parle avec une force neuve, inouïe. Car ce qu'il dit précisément, c'est la traversée de l'en-bas, la descente aux enfers et le resurgissement par-delà. On peut alors dire: là se trouve la critique absolue, bien au-delà du doute méthodique, au-delà aussi du trajet analytique. Car c'est aussi bien la critique du Dieu pervers d'une certaine religion que de tout ce qui, sous couvert de science et de rationalité, porte à l'in-humain. Oui, critique radicale pour séparer de la mort et pour que tout vienne à la vie, «que tous les humains soient sauvés».
Ce livre est ainsi autre chose qu'une description supplémentaire de la condition chrétienne postmoderne ou de la recomposition du religieux ou encore une apologétique revue. C'est un déplacement, un mouvement, un chemin vers l'autre rive de notre monde. Il nous renvoie à la puissance créatrice qui peut l'initier et l'assurer, ce souffle dont «tu ne sais ni d'où il vient ni où il va». Lui donner un nom n'est pas le plus décisif. Dieu sauvage, si l'on veut. Comme le vent. Parce que hors de prise, surgissant, traversant les portes fermées par nos peurs. - H. Thomas osb

newsletter


la revue


La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

contact


Nouvelle revue théologique
Boulevard Saint-Michel, 24
1040 Bruxelles, Belgique
Tél. +32 (0)2 739 34 80