Le repos religieux (De otio religioso) 1346-1357. Préf. J.-L. Marion, éd. Chr. Carraud
PétrarqueHistoire de la pensée - Recenseur : Emmanel Hirschauer
Suite à un court séjour à la chartreuse de Montrieux, Pétrarque adresse à son frère Gérard devenu moine, le traité du «repos religieux». Avec «La vie solitaire» (1346-1366) et «Mon ignorance et celle de tant d'autres» (1367-1368), «Le repos religieux» forme le deuxième panneau d'un triptyque aux couleurs bibliques et humanistes. Du verset de psaume «Vacate et videte quoniam ego sum Deus» (Ps 45,10), l'A. propose de riches variations, mêlant les voix des auteurs inspirés, des sages de l'Antiquité, des saints, avec une prédilection pour Cicéron et Augustin. Le précepte évangélique se joint ainsi au conseil du philosophe pour exprimer la nature et les enjeux de la «vacance». «Vaquez», c'est-à-dire «libérez-vous» des séductions et des entraves des démons, du monde et de la chair, pour goûter au plaisir suprême: la connaissance du Dieu véritable.
L'otium religiosum est à la fois le chemin et le terme: non point repos paresseux mais oeuvre de libération, loisir «plein d'énergie» (I,XIV,5), il est donné par grâce à celui qui le cherche aux antipodes de la paresse et de l'acédie. Pétrarque, si bien traduit ici par Christophe Carraud, donne à son lecteur, «moine» de la cité de Dieu ou des hommes, de méditer au sens même de l'existence, en des termes que notre époque ne peut renier, ceux de fragilité et d'incertitude, de plaisir, de liberté et de loisir. On regrette seulement que la traduction du titre donne «repos» pour «otium» qui est souvent mieux rendu dans le texte par «loisir», loisir religieux s'entend. - E. Hirschauer.