Le sacrement de l'eucharistie. Corpus Domini Jesu Christi

Philippe-Marie Margelidon
Théologie - Recenseur : Gonzague de Longcamp c.s.j.

Philippe-Marie Margelidon est un grand spécialiste de christologie et fin connaisseur de Thomas d’Aquin, dont l’autorité n’est plus à établir. Il nous offre donc un commentaire autorisé du traité de l’Eucharistie du Docteur Commun. Ce commentaire est d’autant plus intéressant qu’il n’ignore ni les points de controverses ni les questions d’actualité. L’A. insère, en effet, d’amples développements œcuméniques sur d’épineux sujets comme celui de la transsubstantiation et de la notion de sacrifice.

D’ailleurs pour lui, l’articulation entre la transsubstantiation et la présence réelle constitue un point central de la doctrine thomasienne, souvent remise en cause par la théologie contemporaine parce qu’elle est mal comprise. L’A. nous offre donc dans son commentaire une sorte de retour aux sources qui garde tout son intérêt, étant donné l’importance que la théologie de Thomas garde dans la doctrine commune actuelle.

La question que nous sommes en droit de nous poser ne touche donc pas la validité de l’analyse comme telle, mais plutôt la pertinence de réduire un cours sur l’Eucharistie à l’analyse du traité de l’Aquinate.

Deux aspects, au moins, me semblent être à développer. Le premier touche le mystère de l’Église. Thomas affirme clairement que l’unité de l’Église est la res, la réalité de grâce ultime, du sacrement de l’Eucharistie (III, 73.2 sc ; 73.3). Il est donc capital d’honorer la dimension ecclésiale de l’Eucharistie, en y insérant, p. ex., la vision d’un Augustin dans les grands sermons de Pâques (227 et 272). Jusqu’au tournant des viiie-ixe siècles, le corps du Christ, simpliciter, est bien l’Église, tandis que l’Eucharistie est qualifiée de corps mystique. Il serait précieux pour comprendre la doctrine de l’Aquinate de l’insérer dans ce basculement médiéval qu’a si bien montré H. de Lubac dans Corpus Mysticum.

La seconde question touche la notion de présence. L’A. récuse dès son introduction les tentatives de type phénoménologique de penser la présence et la corporéité. Certes, penser la présence en dehors de l’assise métaphysique offerte par Thomas n’est pas sans limites et sans une certaine fragilité épistémologique. Pourtant, la notion de substance épuise-t-elle toute théologie de la présence ? Si les réponses contemporaines sont insatisfaisantes, les questions sont à écouter. La prise en compte d’une nouvelle conception de la corporéité et de la présence à laquelle nous invite la culture contemporaine ne ferait pas injure à Thomas. Au contraire, puisque sa propre théologie représente comme le point d’aboutissement d’une recherche théologique initiée au tournant culturel du Moyen-Âge. — G. de Longcamp c.s.j.

newsletter


la revue


La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

contact


Nouvelle revue théologique
Boulevard Saint-Michel, 24
1040 Bruxelles, Belgique
Tél. +32 (0)2 739 34 80