Le secret de mon fils Carlo. Comment il est devenu saint

Antonia Salzano Acutis
Spiritualité - Recenseur : Alain Mattheeuws s.j.

Nous accueillons le témoignage de la mère de Carlo Acutis, jeune italien, décédé brusquement en 2006, à l’âge de 15 ans, et béatifié en 2020. Ecrit avec Paolo Rodari, journaliste et vaticaniste pour le journal La Repubblica. Le cœur d’une mère est déjà éveillé naturellement au mystère de ses enfants : dans les faits et gestes de Carlo, sa mère relit l’histoire sainte de son fils et la sienne. Car Carlo a joué un rôle dans la conversion et la vie spirituelle de sa mère comme de beaucoup de ses contemporains. Ainsi le langage maternel s’approfondit-il par la foi dans cette relecture. Les faits de cette vie familiale revêtent une lueur particulière aussi dans ce contexte ecclésial. « En tant que mère de Carlo, j’ai voulu essayer d’écrire un livre avec mon cœur, pour aider ses nombreux amis à mieux le connaître et à l’aimer ». Écrire un livre, c’est pour elle accomplir une mission.

Le secret de Carlo transparaît dans certaines paroles décisives qui surgissent dans la vie ordinaire et qui trahissent un état de grâce comme une pointe d’iceberg dit quelque chose de toute sa masse sous l’eau. Il faut lire ainsi ce récit et parfois ses digressions théologiques dans cet horizon. Avec raison et admiration, on sera surpris par le langage et la réflexion de certaines notes personnelles du jeune adolescent (p. 176-180). Parfois, c’est une phrase tranchante et lumineuse, d’autres fois, c’est un passage plus élaboré sur le mystère trinitaire et son lien avec l’Eucharistie.

« L’infini était son objectif, pas le fini. Jésus était le centre de sa vie » et l’eucharistie une « autoroute vers le ciel ». Il a beaucoup écrit sur l’eucharistie comme sacrement de Vie et présence réelle du Christ Sauveur (p. 324-326, p. 321-322 et p. 328-330, etc.). On connaît déjà sa passion pour la messe, pour les miracles eucharistiques (dont il a fait des vidéos) et sa régularité à communier chaque jour : cela dépasse clairement une simple habitude et rejoint l’essentiel de ce que d’autres chrétiens vivent et ont commenté à travers les siècles. Dans plusieurs domaines, ce livre offre un contact direct avec les réactions et les écrits de Carlo : c’est un des mérites de sa mère de pouvoir les mettre en grains de chapelet, de nous permettre de les lire et de les commenter souvent en lien avec la vie quotidienne de son enfant.

Le livre commence par le récit des dernières semaines de la vie de Carlo, sa maladie et mort, la célébration et les réactions qui accompagnent cet événement brutal et le deuil de son départ. Ces pages sont sobres et éclairantes. Elles nous disent la foi de Carlo et la conscience spirituelle de son état (ses notes sur l’onction des malades p. 25-26). L’histoire se poursuit en faisant mémoire des signes antérieurs à cette mort rapide (J’ai soif, Petits signes, La coupe amère, Rien ne nous séparera). Ensuite, dans cette relecture apparaissent les traits de sainteté de sa vie ordinaire : l’amitié de cœur pour les pauvres et les plus faibles, l’appel à la sainteté, l’humilité comme source de sa vie, son souci de la terre et de ses habitants, sa familiarité avec la cour céleste et son ange gardien, son attachement au Cœur Immaculé de Marie. Le dernier chapitre, plus longuet, est un enseignement vital sur l’eucharistie comme source de vie et de sainteté.

C’est bien le cœur d’une mère qui écrit. C’est bien une relecture d’une histoire sainte avec l’originalité de comprendre que la vie spirituelle du fils engendre celle de sa mère : n’est-ce pas le lieu de noter que la transmission de la foi n’est pas que chronologique, généalogique ou logique ? Le pape Jean-Paul ii disait souvent que les enfants évangélisent leurs familles. Le secret de Carlo lui appartient en fin de compte et est inscrit dans le corps mystique de l’Église. Sa mère nous en donne quelques pépites. Son action bienfaisante était notable sur la terre : elle peut prendre des dimensions plus universelles dans l’Église par son intercession. Car si Carlo apparaît comme venant d’une autre planète dès son jeune âge (« C’était un garçon d’une autre époque, je ne saurais comment le formuler autrement », p. 77), c’est pour nous rappeler que la grâce de Dieu est première et nous ne sommes plus fort habitués à cette évidence. Le jeune garçon y a correspondu avec son âge et dans des situations très proches de notre époque. Sa vie nous semble plus familière que celles d’autres saints. Mais cette reconnaissance du don de Dieu passe par notre foi et notre reconnaissance pour les événements d’une vie quotidienne transformée par le Christ lui-même. Sa mère a pu l’observer et nous le raconte. Voilà une lecture bienfaisante pour tous les âges et les états de vie. — A.Mt.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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