Voici la réédition, corrigée et enrichie, d'un admirable ouvrage de
philosophie paru en 1989. Son auteur, Joseph Rassam (1917-1977),
était d'origine assyro-chaldéenne, né en Perse. Venu vivre en
France après la seconde guerre mondiale, il fut prof. de lycée. Sa
pensée s'inscrivait dans le courant thomiste en même temps que dans
la tradition réflexive issue de Maine de Biran. Aimé Forest
(1898-1983) et Pierre Fontan (1918-2003) appartenaient à la même
mouvance d'un thomisme que l'on qualifie d'augustinien. Il
s'agissait d'un « réalisme spirituel », ou d'une
« philosophie du seuil » où « l'esprit accède à la
vérité des choses reconnues dans leur irréductible singularité et
leur communauté d'être, à leur réalité la plus intérieure comme à
lui-même » (P.-M. Margelidon). La relation de l'esprit à
l'être trouve son fondement dans leur accord. La thèse du présent
ouvrage, écrit à la jointure de la phénoménologie et de la
métaphysique, pose que « le silence est ce qui précède la voix
et la parole, le « dit de l'étant » en ses
manifestations ». Au fil de sa pensée, J. Rassam nous
fait rencontrer la plupart des grandes philosophies pour,
finalement, nous faire saisir que « l'acte de silence est au
principe du consentement qui permet de reconnaître et d'accepter la
pluralité des consciences, comme le secret d'une infinie
générosité ». Aussi le silence - l'acte de silence -
est-il intérieur à la réflexion philosophique. La philosophie va
plus loin que son discours parce qu'elle ne débute pas par lui.
C'est la présence intime et transcendante de l'être à la pensée qui
fait la plénitude du silence. - H. Jacobs s.j.