De ce recueil d'une bonne quinzaine de textes, la moitié environ proviennent d'un congrès tenu à Milan (2000) autour du thème plus précis «Fin des temps et cycles cosmiques». Dans l'Introduction, Natale Spineto, rappelant les travaux d'Oscar Cullmann et de Mircea Eliade, esquisse la complexité des conceptions du temps: cyclique, linéaire, ramifié… La matière se distribue ensuite en quatre parties. Dans la première, plus générale, Michel Meslin évoque lui aussi différents types de «l'aperception du temps dans quelques expériences religieuses», tandis que Julien Ries interroge l'oeuvre d'Eliade à propos de «Temps historique et temps mythique, temps sacré et temps profane» et que Carlo Prandi illustre les transformations, entre société rurale traditionnelle et modernité, de perceptions européennes du temps. Dans la deuxième partie, quatre études traitent de traditions «antiques et orientales»: dans le domaine suméro-babylonien, Pietro Mander analyse les rapports complexes du temps à l'espace et au déroulement des règnes; André Motte, pour la religion grecque, souligne l'importance du temps sacré des fêtes ainsi que les rapports parallèles entre temps et mythe, espace et pèlerinage; dans les Ragnarök scandinaves, terme qu'il traduit par «consommation du destin des dieux ou des puissances», Régis Boyer suit le thème de la conflagration finale purificatrice; pour l'hindouisme, Michel Delahoutre relève notamment la construction rituelle du temps ou de la durée.
La troisième partie est consacrée au domaine des «religions dualistes»: dans le zoroastrisme (Antonio Panaino), l'irruption du mal et la suite des cycles cosmiques, jusqu'à la résolution finale du conflit entre bien et mal; dans l'univers complexe du gnosticisme, objet d'une étude documentée et fouillée (Giulia Sfameni Gasparro), l'architecture d'une histoire cosmique de salut qui se déroule dans le cadre d'une «option dualiste fondamentale» où, à la différence du monde biblique, le mal a une portée ontologique plutôt que historique et éthique; dans la religion de Mani (Julien Ries), trois temps qui scandent l'histoire des rapports entre lumière et ténèbres: séparation à l'origine, mélange et confusion, séparation et retour à la situation originelle. La quatrième partie est consacrée au temps dans le judaïsme, le christianisme et l'islam: Françoise Pichon démonte les complexités du calendrier juif, notamment dans ses liens à la célébration des fêtes, enjeu de pouvoir; Jean Giblet (dans un texte déjà publié en 1984) étudie la vision du temps de l'Ancien et surtout du Nouveau Testament; Giovanni Filoramo, pour le christianisme antique, explore le rapport entre ascèse et temps, notamment à partie de la Vie d'Antoine écrite par Athanase; Jean-Robert Armogathe montre comment le monde chrétien a cherché à réformer ou reconfigurer le temps (les mois et les jours du calendrier, les heures de la prière ou du jeûne eucharistique…); enfin, à propos de l'eschatologie en islam, Pierre Lory illustre les débats autour des «conditions de l'Heure» ou signes annonciateurs de la fin des temps. - Sur un thème décidément inépuisable, ce recueil propose tantôt de rapides parcours d'ensemble tantôt des enquêtes ponctuelles fouillées. Plusieurs articles aident le lecteur à faire le point sur l'état de la recherche. - Corr.: p. 10, ligne 20: permuter cyclique et linéaire; p. 17, dern. ligne: entropie et non anthropie; p. 115, ligne 5: avant J.-C. - J. Scheuer

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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