Ce livre de poche est le fruit des études personnelles de l'A.,
spécialiste du droit naturel et notamment des questions juridiques
sur le corps, et des recherches de ses étudiants dans le cadre d'un
séminaire d'anthropologie à l'Institut d'études théologiques. On a
donc au départ une bonne petite encyclopédie de ce mouvement qui,
né au xxe s., ne doit plus être traité comme
un simple fantasme de l'esprit moderne mais constitue l'un des
fruits les plus spectaculaires de la postmodernité technologique.
Le diagnostic est sévère : « le transhumanisme entend
créer une nature artificielle ». Il se propose même comme une
nouvelle religion, qui dépasse les cultes actuels en sacralisant un
au-delà de l'humain (« l'extropisme » de Max More) qui
n'est pas Dieu : la machine, les bio-technologies, etc. Le
traitement envisagé est radical : « il convient que les
humains mobilisent la sagesse qu'ils ont cristallisée au long des
siècles dans les concepts fondamentaux de leur propre
nature ». Il s'agit en pratique de « mettre en évidence
la beauté de la limite, tant au début qu'à la fin de la vie
humaine, et encore tout au long du parcours » (p. 40).
C'est alors que l'ouvrage se révèle vraiment original et utile au
théologien malgré son format, offrant une réflexion philosophique
sur l'humanité dans les relations fondamentales qui la constituent
comme telle (au monde, à autrui, à soi) et un apport théologique
critiquant l'éthique induite par le transhumanisme :
accueillons à nouveaux frais le sens de la personne et de sa bonté,
à la manière d'un St Augustin répondant aux tentations du
manichéisme. On appréciera les encadrés donnant la parole aux
acteurs de ce mouvement comme à ses critiques, le glossaire
facilitant la lecture et une bibliographie (pas seulement
francophone) actualisée. - A. Massie s.j.