Les Samaritains, postf. J. Joosten

Étienne Nodet op
Écriture Sainte - Recenseur : Didier Luciani

Ce nouveau livre de Nodet (EBAF, Jérusalem) sur les Samaritains se situe dans le prolongement de ses travaux précédents, notamment son Essai sur les origines du judaïsme. De Josué aux pharisiens (1992), mais se fonde aussi sur sa connaissance approfondie de l’œuvre de Flavius Josèphe dont il est traducteur (voir Les Antiquités juives, 1990-2022). Parmi des sources assez maigres (2 R 17 ; Esd-Néh ; 1–2 M ; NT), cet historien juif du premier siècle est en effet l’un des rares à nous renseigner sur l’origine et l’histoire de ce groupe assez méconnu et à la réputation biblique sulfureuse (selon 2 R, d’affreux syncrétistes). En se focalisant sur les Samaritains dont la documentation directe est très modeste et tardive, l’intention de l’A. est de leur rendre justice. La thèse est d’une simplicité toute « biblique » : contrairement à ce que rapportent la plupart des témoignages qui proviennent de sources hostiles (voir, toutefois, la parabole du « bon Samaritain » et, déjà 2 R 6,18-23 curieusement non exploité par l’A.), les Samaritains sont les héritiers directs, locaux et véritables des anciens Israélites de l’époque royale. Corollairement, le judaïsme officiel n’est qu’un produit d’importation babylonien datant de l’époque maccabéenne. Par contre, la sophistication, la compacité et la complexité de l’argumentation pour accréditer cette thèse sont inversement proportionnelles à la simplicité de cette dernière. Outre son immense érudition biblique et historique sur les origines du judaïsme, l’A. convoque l’archéologie, l’étude des manuscrits, l’épigraphie, etc. De plus, l’A. est souvent très elliptique et suppose de la part de son lecteur une connaissance du dossier et une capacité de synthèse égales aux siennes. D’un point de vue formel, on ne peut donc pas dire que Nodet prend son lecteur par la main. Quant au fond, même l’A. de la postface semble garder quelques distances avec les hypothèses de l’auteur : « Chaque chapitre, chaque section de cet ouvrage livre une quantité d’observations déconcertantes, de suggestions inédites, de questions inattendues. Nodet invite à réfléchir. La théorie reste un horizon vers lequel on chemine » (p. 248). Je laisse les spécialistes en discuter : quelques-uns sont présents dans le status quæstionis présenté en annexe (p. 235-246). — D. Luciani

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