Née en 1846 dans une famille gréco-catholique d'Ibillin (Galilée),
Mariam Baouardy connut tout d'abord une existence quelque peu
bouleversée: ses parents meurent quand elle a trois ans; elle est
confiée à un oncle, de condition aisée, qui s'établit à Alexandrie
et qui veut la marier à l'âge de 12 ans, contre son gré, tandis
qu'elle demande à un serviteur de la famille de contacter son
frère. Ce même serviteur l'exhorte à se convertir à l'islam, ce
qu'elle refuse, provoquant la colère de cet homme qui lui tranche
la gorge. Laissée pour morte, elle est recueillie par une jeune
femme - en qui elle verra la Vierge - et mène une vie errante comme
servante. Elle finit par arriver à Marseille où, en 1865, elle
entre chez les soeurs de Saint-Joseph; une de ses consoeurs la
convainc de rejoindre le Carmel de Pau (1867) et Mariam est
désignée pour participer à la fondation du carmel de Mangalore, en
Inde, en 1870; après deux ans, elle revient à Pau, puis est envoyée
à Bethléem pour y établir un carmel (1875) et entreprend d'en
établir un à Nazareth. Retour à Bethléem, où elle continue à
surveiller les travaux d'érection de son couvent. Elle meurt le 26
août 1878, victime d'une chute qui avait déclenché une gangrène.
Pratiquement illettrée et connaissant mal le français, Mariam a
toutefois composé plus de 200 lettres (dictées) dans lesquelles on
peut appréhender sa spiritualité. On ne sera pas étonné que
celle-ci soit directement inspirée du Carmel, agrémentée, si l'on
peut dire, d'une grande simplicité, d'une profonde humilité, et
tributaire des dévotions de l'époque, notamment celle au
Sacré-Coeur. Plusieurs missives témoignent aussi de visions et
d'extases mystiques. - B. Joassart sj