Liberté, que dis-tu de toi-même? Vatican II 1959-1965

Pierre d'Ornellas (Mgr)
Morale et droit - Recenseur : Albert Chapelle s.j.
Pour répondre à la question de la liberté, l'A. s'est penché sur le Concile Vatican II. Il a lu de très nombreuses archives (situées à Paris, Evry, Aix, Toulouse, Cracovie, Malines, Louvain-la-Neuve) et les Actes du Concile du 25 janvier 1959, jour de son annonce par Jean XXIII, au 8 décembre 1965, jour de sa clôture par Paul VI. L'A. a suivi minutieusement les travaux qui ont permis la rédaction du Décret sur les moyens de communication sociale, Inter Mirifica, et de la Constitution Gaudium et Spes.
L'A. étudie d'abord l'histoire de la consultation de la période anté-préparatoire. Il classe en seize point les réponses envoyées par les Ordinaires et les Facultés du monde entier (p. 84). L'actualité des demandes est frappante. Les schémas de morale élaborés durant la période de préparation entendent y répondre. Le texte projeté, De Ordine morali christiano est étudié dans le détail (p. 106-183), de sa rédaction à son rejet dès la première session (p. 278-316). L'élaboration (p. 183s.), la discussion (p. 264s.) et l'adoption (p. 274s.) du décret Inter Mirifica conduisent à une proclamation de «l'ordre moral objectif» (p. 271) sans que soit proposée une intelligence personnelle de la liberté.
Les critiques du De Ordine morali (Häring, Le Guillou, Schillebeeckx, Wylleman, etc.) sont rappelées et ratifiées. Le projet XVII qui lui succède (Daniélou, Suenens, Beauduin, Lio) (p. 317s.) et le second texte élaboré à Malines par les louvanistes et Congar (p. 372) entendent donner sa place à la «liberté humaine consentante» (p. 384). L'élaboration par Gaudium et Spes des fondements de l'agir moral est suivie avec précision en référence de plus en plus nette à la personne humaine. Le «texte de Cracovie» (p. 445s.) dû à K. Wojtyla donne à ce propos une orientation déterminante (p. 454). «GS vous doit beaucoup plus, lui écrivit Haubtmann en 1965, que vous ne le pensez» (p. 396). Le texte d'Arricia (sept. 1965) proposera dès lors les éléments d'une anthropologie christologique (p. 477) où s'inscrivent le corps et la liberté, l'autonomie, la responsabilité et le bonheur. L'A. met en relief la nouveauté de cette démarche personnaliste (p. 543) et spirituelle où l'ens sociale fonde une morale du don dans la communion des personnes et le double commandement (p. 579) de la loi nouvelle (p.599). En conclusion, l'étude des enseignements moraux postérieurs au Concile (CEC, HV, FC, VS) éclaire la fécondité de GS dont la doctrine du don de soi devient une référence éthique aussi obligée que la béatitude. La bibliographie indique notamment les douze dépôts d'archives dépouillés.
Par sa richesse extraordinaire d'information, l'ouvrage permet une compréhension renouvelée de GS et de son anthropologie chrétienne. La mise en perspective réflexive opérée par l'A. laisse apparaître en sa richesse la doctrine de la «vraie liberté»: spirituelle. Le Catéchisme de l'Église Catholique et Veritatis Splendor présupposent cette élaboration conciliaire d'une doctrine personnaliste où se conjoignent dans le Christ le principe et le terme de la liberté de l'esprit. - A. Chapelle, S.J.

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