Publié en 1995 sous le titre Books and Readers in the Early
Church, ce livre est composé de cinq chap. autonomes. L'A.
pose la question déterminante de la nature des livres chrétiens, de
la signification de leur publication et de l'importance de l'acte
de lecture dans l'Église primitive.Dès le premier chap., Gamble
rejette l'idée d'une culture écrite émergeant peu à peu de
l'oralité (contra Kelber, 1983). En effet, la plupart des chrétiens
étaient illettrés (85 à 90 %) et, avant de développer leur propre
corpus, les communautés primitives étaient attachées à une culture
de l'écrit (la lxx). De plus, prétendre qu'oralité et écriture sont
mutuellement exclusives (Parry et Lord, 1956) relève de conceptions
anachroniques. Dans l'Antiquité, la stabilité du texte dépend du
copiste, et toute lecture, privée ou publique, est déclamation.
L'A. présente ensuite le rôle du christianisme dans la transition
entre le rouleau et le codex, qui fut nécessaire pour assembler les
lettres de St Paul. Le travail de Hurtado (2006) a, depuis,
confirmé cette hypothèse. Les chrétiens étaient inquiets que le
texte puisse être corrompu - voir les altérations de l'évangile de
St Luc par Marcion et les mises en garde de St Jean (Ap 22,18-19)
-, cependant, la distribution de la main à la main, sans
intermédiaire commercial, assura une très rapide diffusion des
écrits.La division des chap. en sections courtes permet de se
repérer facilement dans le livre. on regrettera l'absence de
bibliographie, qui oblige à naviguer dans les notes rassemblées en
fin de chap. (ce défaut n'est pas imputable à l'éd. française).
Malgré ces imperfections mineures, le style est remarquable
d'équilibre, les notes importantes et les illustrations marquantes:
l'ouvrage est à compter parmi les titres de référence d'une
bibliothèque universitaire. - D. Joseph fsj