Lombardia 1940-45. Vescovi, preti e società alla prova della guerra,

G. Vecchio
Histoire - Recenseur : Bruno Clarot s.j.
Spécialiste de l'histoire de l'Église durant la guerre, G. Vecchio, professeur d'histoire à Turin, «étudie ici l'histoire de l'Église lombarde durant la guerre mondiale. Le volume a dépassé les limites prévues, car il a fallu corriger des opinions erronées et parler de personnes trop oubliées. L'A. a fouillé les archives d'État, de diocèses, de paroisses et de particuliers; mais certains diocèses refusent d'ouvrir leurs archives de moins de 70 ans pour ne pas blesser des personnes encore vivantes ou pour éviter des découvertes désagréables. Pour certains épisodes, il n'existe aucun document écrit et a fallu recourir aux souvenirs de témoins toujours enclins à embellir leur rôle.
G. Vecchio commence aux années 20 pour faire comprendre la complexité des rapports entre l'Église et le fascisme. Dès le début, les fascistes se sont attaqués, parfois avec violence, au Parti Populaire de don Sturzo et aux prêtres qui le soutenaient. Après les accords du Latran en 29, les années 30 virent le ralliement d beaucoup de prêtres au fascisme malgré les heurts sur l'Action catholique, la baisse de moralité et l'antisémitisme. Les trois premières années de la guerre furent une période de froideur et de refus de la guerre; le clergé était pacifiste, ce que les fascistes traduisaient par défaitiste. La réquisition des cloches, les bombardements alliés, les paniques qui s'ensuivirent et la baisse de moralité ne firent pas remonter le moral. On parla de deux apparitions de la Vierge et d'un message sur la guerre, mais les évêques les désavouèrent assez vite.
La chute de Mussolini en juillet 43 n'arrangea rien et sa libération par les SS en septembre permit de fonder une République où Mussolini n'avait de pouvoir que celui que les Allemands lui accordaient. Dans le Nord encore occupé, Allemands et fascistes firent régner la terreur. Certains prêtres demeurèrent fascistes; les autres protégèrent les fuyards de l'armée et ceux que la police recherchait. Les évêques demandèrent de ne pas parler de politique dans les églises. La résistance armée s'organisa un peu partout. Des prêtres y entrèrent comme aumôniers ou écrivirent dans la presse clandestine. Les Juifs durent fuir et sollicitèrent souvent l'aide du clergé. Trois ecclésiastiques fondèrent l'OSCAR, réseau de passeurs vers la Suisse à travers les Alpes. Mais beaucoup de prêtres refusèrent de s'engager. Malgré le silence qu'on a organisé autour d'elles, pas mal de femmes aidèrent les prêtres résistants et furent parfois héroïques. Certaines mères de prêtres poussèrent leur fils à s'engager dans l'aide aux réfugiés, tandis que d'autres prêchaient la prudence. Un bon nombre de prêtres furent arrêtés, emprisonnés, déportés ou tués dans toute la Lombardie.
Le 25 avril 45, la Résistance organisa une insurrection générale à Milan et dans les environs contre l'avis du Cardinal Schuster qui redoutait des désordres graves. Dans l'après-guerre, le clergé joua souvent un rôle de médiateur pour éviter les abus. On fusilla pas mal de fascistes en Lombardie (environ 2500) ainsi que des prêtres amis des fascistes. Il fallut aider le retour des nombreux déportés d'Allemagne et aussi s'occuper des fascistes prisonniers (250.000 à Noël 45).
Que devinrent les prêtres engagés dans la résistance armée? La plupart rentrèrent dans leurs paroisses, d'autres créèrent des groupes de résistants chrétiens pour contrer les groupes communistes qui se voulaient les seuls résistants, ou bien ils se mirent au service de la paix, des pauvres des mutilés de guerre. Quelques-uns créèrent des groupes scouts ou des revues pour répandre leurs idées. Certains eurent du mal à se réinsérer dans le milieu ecclésiastique après avoir connu la liberté et une totale indépendance; aussi quittèrent-ils le sacerdoce pour fonder une famille et parfois pour entrer dans des partis de gauche connus dans la Résistance.
G. Vecchio est riche de noms, de cas individuels, de faits concrets et se refuse à tirer des conclusions globales. Il entend montrer la grande variété des situations et des prises de position. Faut-il le regretter?…On pourrait dire, semble-t-il, que, dans ce cas comme dans tous les phénomènes humains de quelque ampleur, s'applique la fameuse courbe de Gauss avec des minorité pro- et anti-fascistes aux extrémités, et la masse plus ou moins d'un côté et de l'autre d'un centre occupé par un groupe de neutres. - B. Clarot sj

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