Lueurs dans l'histoire. Revisiter l'idée de Providence
Paul ValadierPhilosophie - Recenseur : Gauthier Kirsch
Reprenant les différents types de fatalismes engendrés par un idéal conférant un ordre moral au monde, l'A. montre le lien - souligné par Nietzsche - entre le refuge dans un sens transcendant et la « fatigue » de la volonté humaine qui démissionne. En citant St Augustin et Dante, il esquisse alors ce qui lui semble être la vision spécifiquement chrétienne de la providence : un parcours, une tension permanente vers le Royaume promis, un engagement de la liberté, une action volontaire sans cesse aidée par la Grâce, et sans cesse en butte à l'ennemi.
Que cette vision soit difficile à maintenir au sein même du christianisme, P. Valadier le démontre en analysant les doctrines de Bossuet et de Maistre, où il relève les faiblesses liées à l'attribution d'événements historiques à l'action directe de Dieu.
Il développe ensuite le concept de sagesse, pour montrer que l'action humaine doit nécessairement se penser avec la notion de « sens » pour être cohérente, et il approfondit, citant Fessard, la vision chrétienne d'une « histoire surnaturelle » fondamentalement incarnée dans les histoires naturelle et humaine.
Cette histoire est perçue par la sagesse comme une suite de « signes des temps », exigeant un discernement permanent, toujours à reprendre : Dieu dans le christianisme est un père aimant, celui de la parabole du « fils prodigue », discret mais jamais absent. La liberté de l'homme implique une forme de « silence » de Dieu et une volonté couplée à l'intelligence, une espérance en acte. - G. Kirsch