Madeleine Delbrêl et les saints du Carmel. Un héritage revisité

Sophie Mathis
Spiritualité - Recenseur : Gérard Remy

L’intention de cette étude est de dégager l’une des sources majeures de la spiritualité de Madeleine Delbrêl : la tradition carmélitaine, représentée par les deux grandes figures que sont Jean de la Croix et Thérèse d’Avila.

L’enquête entreprise traverse deux étapes solidaires : d’abord l’expérience de Dieu chez Madeleine à la lumière de ces deux grands saints puis « l’apostolat comme fruit d’une conversion incessante dans l’Église pour le monde ». Signalons quelques thèmes révélateurs de l’influence carmélitaine : la croix comme moyen de « grimper le grand talus » reflète La Montée du Mont Carmel de Jean de la Croix, qui livre également son exemple de poète valorisant ainsi la beauté. À son tour, Madeleine, poète, dégagera le rôle de la beauté dans l’expérience de Dieu, unissant mystique et esthétique. À la prière revient tout naturellement sa place, inséparable de la charité, donnant la preuve que nous aimons Dieu.

Ce cadre global laisse à la lecture de l’ouvrage le plaisir et le profit de goûter la substance spirituelle d’une tradition qui se féconde de l’intérieur. Si, d’un point de vue documentaire, elle établit la continuité entre les saints du Carmel et Madeleine, celle-ci s’en approprie la richesse pour la transposer dans le contexte de sa mission, à savoir l’ambiance marxiste d’une banlieue populaire, en tension entre catholiques et communistes.

L’apostolat, tributaire de son milieu, puise sa sève dans la charité qui voue notre vie au Christ, inséparable de la prière et de la fraternité comme l’action l’est de la contemplation, selon la tradition carmélitaine. Pour cheminer spirituellement, Jean de la Croix est un éducateur de la foi en vue d’un souci apostolique.

En découvrant une banlieue, Madeleine expérimente les conditions éprouvantes d’une vie de foi. C’est de la part des mystiques qu’elle attend le réconfort dans la foi, l’espérance et la charité, bien consciente d’appartenir à l’Église, grâce à laquelle elle aime « le communiste ». L’Esprit Saint, symbolisé par le feu chez Jean de la Croix, source de fécondité apostolique, tisse le lien entre Madeleine et les mystiques du Carmel.

Relevons un dernier trait d’union entre eux : l’identification au Christ que consacre la vie éternelle, but de la vie temporelle. Elle suppose le dépouillement selon l’anéantissement du Christ, dans la recherche de sa gloire et le prolongement de son œuvre rédemptrice.

Ces quelques traits prélevés dans la riche substance d’une œuvre qui s’inspire de la confluence d’expériences mystiques et missionnaires invitent à un contact intime avec une étude dense pour en tirer profit en tant que croyant affronté à une culture sécularisée, voire hostile à la foi. — G. Remy

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