Méditation avec les lucioles. Journal (1939-1968)

Thomas Merton
Histoire de la pensée - Recenseur : Jacques Scheuer s.j.

Le jeune Thomas Merton avait, semble-t-il, commencé à tenir un Journal dès l’âge de seize ans. Il poursuivra cet exercice, avec plus ou moins de régularité, jusqu’à l’avant-veille de sa mort accidentelle lors d’une réunion monastique à Bangkok. Peut-être un Journal est-il le lieu où apparaissent au mieux, dans l’immédiateté du vécu mais aussi dans l’effort de décanter et de faire le point, les multiples facettes d’une personnalité aussi riche et créative que celle de Merton. Dans l’esprit de son auteur, cette pratique privée était aussi une œuvre littéraire et un acte de communication avec ses futurs lecteurs. Ce qui nous est parvenu – depuis la période de la « conversion » de Merton et de sa recherche d’une voie monastique – forme la matière de sept gros volumes publiés. Les éditeurs américains ont ensuite, à l’intention d’un plus large public, opéré une sélection en un volume, The Intimate Merton: His Life from His Journals, ici traduite dans un français fluide par les soins d’un petit groupe d’amis strasbourgeois.

Le propre d’un Journal est de partir du quotidien dans sa diversité. À chaque page voisinent de petits tableaux de la nature ou de la vie communautaire, des échos feutrés ou plus vifs de l’actualité nationale et internationale, des impressions de lecture, des fragments de poèmes, les interrogations sur la double vocation littéraire et monastique de Merton, les rapports parfois tendus avec ses supérieurs, des fruits de sa méditation contemplative, des aveux de faiblesses, des ébauches de projets d’avenir. Nourries de la Bible, des Pères de l’Église et du patrimoine monastique, les allusions et les références s’élargissent peu à peu en direction de l’Orient chrétien puis des autres traditions spirituelles (taoïsme, bouddhisme zen, hindouisme ou soufisme). La dernière section accompagne son premier et ultime voyage en Asie. La soif de silence et de solitude (se faire chartreux ? vivre « une sorte de solitude missionnaire » ?) se décante progressivement et aboutit à des essais de vie semi-érémitique que Merton souhaite exigeante et « désencombrée ». Fort brèves et loin de tout souci d’érudition, les notes se limitent à identifier les personnes ou les œuvres peu connues. Un schéma chronologique indiquant les événements marquants de la biographie de Merton aurait utilement orienté les lecteurs moins familiers de son parcours. — J.S.

newsletter


la revue


La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

contact


Nouvelle revue théologique
Boulevard Saint-Michel, 24
1040 Bruxelles, Belgique
Tél. +32 (0)2 739 34 80