Monothéisme et violence
Soheib Bencheikh Paul Valadier David Meyer Walter LeschThéologie - Recenseur : Dominique Lafenêtre
Ainsi, Meyer, passionnant, déplore une radicalisation contemporaine du judaïsme. D'une part, la pensée sioniste et le retour à la terre conduisent à rejeter l'esprit de la tradition orale, liée aux temps de la diaspora, et, d'autre part, la disparition de la quasi-totalité des érudits dans la Shoah fige et dénature la tradition orale. Le processus interprétatif (halakhique et midrashique) d'humanisation de la Torah, qui apportait des réponses satisfaisantes à la violence de la Torah, est ainsi mis en échec.
Bencheikh fait preuve d'une audace comparable, exposant d'emblée l'épineuse « aporie coranique » (p. 84) et appelant de ses voeux la généralisation d'une démarche historico-critique. Une telle approche permettrait de distinguer dans le Coran les énoncés à valeur universelle des réponses contingentes et culturelles. L'A. invite à reconsidérer l'oralité du Coran et à le libérer des lectures rigides. Cependant, le lecteur se souviendra des controverses liées à l'auteur de ces réflexions et s'interrogera sur la capacité de l'islam à un tel dialogue.
Les contributions de Lesch et Valadier sont moins percutantes. P. ex., la théocratie n'est abordée qu'en 5 pages allusives alors que le rapport au siècle a longtemps été problématique pour l'Église catholique.
On saluera néanmoins cette publication, l'interpellation des sociétés occidentales sur la question de la violence des monothéismes méritant réflexion et réponse. - D. Joseph fs.j.