Le sous-titre a été bien choisi, même si la réalité est
inévitablement plus complexe. Mais il annonce bien les deux
«piliers» de la carrière de celui qui, né dans un milieu
relativement modeste, finit par gravir les échelons de la
hiérarchie catholique, devenant en 1863 archevêque de Paris où il
avait déjà été auparavant vicaire général avant d'être évêque de
Nancy en 1859. Il mourut fusillé par la Commune. À travers cet
ouvrage, on découvre un homme qui n'était certes pas un savant mais
qui ne manquait pas de savoir. Ce n'était pas plus un homme d'une
grande ambition, ni d'une piété fortement teintée de jansénisme.
Soucieux de ses devoirs de pasteur, il fut à la fois proche du
pouvoir et étant assez opposé aux ordres religieux. Gallican
convaincu, tout ceci l'amena à être l'une des figures les plus
agissantes de la minorité à Vatican I et à être absent lors du vote
de Pastor aeternus. Indépendamment de la biographie proprement dite
du prélat, l'ouvrage est intéressant à deux autres points de vue.
Il nous donne nombre d'indications concernant la vie religieuse
parisienne sous le Second empire, fortement dé- ou
non-christianisée. D'autre part, Darboy fut le dernier évêque
victime des mouvements révolutionnaires inaugurés en 1789. Il fut
dès lors considéré comme un martyr, encore que dès le lendemain de
sa mort il fit l'objet de bien des controverses. Ce n'est
d'ailleurs qu'après la Première guerre mondiale que sa cause de
béatification fut introduite. C'est à l'historiographie de sa
mémoire et au parcours de sa cause de béatification qu'est consacré
le dernier chapitre, parcours sinueux qui connut autant de hauts
que de bas en fonction des circonstances. Dernières étapes en date:
le souhait du cardinal Lustiger, en 1998, de relancer la cause en
l'associant à celle de Mgr Affre, l'un des prédécesseurs de Mgr
Darboy, lui aussi mort lors d'une révolution, celle de 1848;
toutefois, en dépit des efforts déployés, cette cause semble mise
en veilleuse; et lors du deuxième centenaire de la Commune,
l'archevêché de Paris n'a organisé aucune cérémonie particulière
qui eût à tout le moins ravivé la mémoire du prélat. - B. Joassart
sj