Narrativité, oralité et performance. 7e colloque international du Réseau de Recherche Narratologie et Bible (RRENAB), 5-7 juin 2014, Univ. de Montréal

(dir.) Alain Gignac
Écriture Sainte - Recenseur : Didier Luciani

Depuis l’origine du RRENAB, la revue a recensé pratiquement toutes les publications émanant des activités de ce jeune réseau international (voir déjà NRT 127, 2005, p. 455). En sortant quelque peu du champ de compétence habituel (la narratologie), les Actes de ce 7e colloque se situent au croisement d’une double évolution dans les études bibliques : d’une part, un regain d’intérêt pour l’oralité – on se souvient des travaux déjà anciens de Birger Gerhardsson (Memory and Manuscript, 1961) ou de ceux de Marcel Jousse (L’anthropologie du geste, 1969) – et d’autre part, l’émergence, surtout aux États-Unis, de ce qu’on nomme le performance criticism. Derrière ce vocable se cache tout simplement l’idée que, dans la culture antique, les textes, même écrits, n’étaient pas d’abord destinés à être lus – l’accès à la lecture étant de toute façon limité, soit par manque d’instruction, soit par limitation des supports – mais étaient faits pour être « performés », c’est-à-dire représentés ou interprétés dans une mise en scène. Si l’on accepte cette hypothèse, la question qui en découle est de savoir ce que cela change pour l’analyse narrative des textes (manière de comprendre la fonction du narrateur, influence du point de vue sur la « performance », etc.). Ou pour le dire encore plus simplement en reprenant l’objet d’une des contributions principales du colloque (D.M. Rhoads, « Du récit imprimé au récit performé. Une introduction à la “critique de la performance” », p. 43-69) : qu’est-ce que cela change, pour l’interprétation et la compréhension de l’évangile de Marc, de le lire de façon solitaire (pratique ordinaire de l’exégète) ou bien de l’entendre mis en scène oralement ? L’ensemble de l’ouvrage réunit quatorze interventions, en lien plus ou moins direct avec la thématique et la méthodologie décrite. Les trois premières posent les bases théoriques de la discussion : outre Rhoads, Sylvie Patron aborde la question de « la (non)distinction oral-écrit dans la théorie narrative » (p. 19-42) et Alain Gignac traite de « l’interprétation des lettres du NT en contexte d’oralité » (p. 71-106). Les onze autres sont des études de cas : six pour l’AT (Gn 39 ; Jg 8-9 ; 1 S 8 ; 17 ; Jr ; Jb 28) et cinq pour le NT (Mc ; Jn ; 1 Co 8 ; He ; Ap). L’introduction par le directeur de la publication ne cache ni les enjeux ni les questions soulevés par une telle revalorisation de l’indéniable, mais toujours évanescente oralité. — D. Luciani

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