Le sous-titre bien compris - réflexions d'un helléniste retraité -
en dit déjà long sur l'intérêt et la qualité de ce petit ouvrage.
L'A, en rassemblant diverses notes de sa longue carrière, enracine
Grégoire de Nazianze dans son milieu géographique (études sur
Nazianze, Arianze et les localités voisines), familial (Grégoire
l'Ancien son père, Nonna sa mère, Gorgonie sa soeur et Césaire son
frère) et culturel (l'époque constantinienne, l'actualité
théologique de la fin du ive). Il montre ainsi comment «la sagesse
et l'humanisme exprimés dans les écrits» du Théologien «animaient
le quotidien d'innombrables anonymes de la chrétienté locale». Si
le livre commence par «L'an 325 à Nazianze», année de la conversion
du père, c'est aussi parce que l'A. est convaincu qu'autour du
concile de Nicée, «la culture européenne [est] déjà en gestation
dans la rencontre des traditions judéo-chrétiennes avec l'humanisme
classique». Les écrits de Grégoire (discours, poèmes et lettres)
sont la source principale du livre, dont certains extraits,
analysés en détail, invitent à une lecture ultérieure. À cela se
joignent d'autres textes et travaux d'historiens ainsi que des
souvenirs d'enquêtes sur le terrain (des photographies de l'A. sont
mises en annexe). La troisième partie, «Outre-tombe», montre
comment Grégoire nous est resté contemporain par le culte de ses
reliques et les éditions anciennes et nouvelles de ses oeuvres
judicieusement analysées. Quant au style, il se veut proche de
celui de la conversation entre professeurs et étudiants. Nous ne
sommes plus loin, en fin de compte, de l'amitié, celle à laquelle
Grégoire tenait tellement, celle à laquelle nous convie également
toute étude dès lors précisément que le sérieux de la recherche
rapproche les hommes entre eux. - S. Dehorter