La question de l'analogie est centrale pour la théologie, puisqu'elle est la condition de tout discours théologique. Réinterroger la pertinence de l'analogia entis implique évidemment de l'inscrire dans la question globale de l'ontologie, son statut et sa pertinence, particulièrement de Kant à Heidegger. Dans ce sens, les théologiens eux-mêmes se sont interrogés sur la pertinence de l'ontologie et de l'analogie de l'être comme fondement du discours sur Dieu.
À partir du 1er quart du xxe s., des théologiens de Przywara à Balthasar en passant par Barth et Rahner ont cherché à « rethéologiser » l'analogie. Le Christ, Parole faite chair, ne doit-il pas être le centre de gravité de toute parole sur Dieu ?
Le présent ouvrage se propose de se reposer la question et de « revisiter l'analogie », à partir de grandes figures de la théologie contemporaine. On ne peut chercher à remettre en cause l'analogia entis sans ouvrir de nouvelles perspectives à l'analogie : quel est le principe de la théologie chrétienne et comment articuler similitude et différence dans le discours théologique ? Ainsi, C. Theobald se penche, p. ex., sur l'analogie du royaume ; B. Cholvy, sur les analogies christiques d'H. de Lubac, ou J.-L. Souletie, sur l'analogie sacramentelle. Autant de manières de reprendre l'analogie à partir du coeur de la foi chrétienne.
Chacune de ces 6 contributions offre une haute technicité théologique et une grande précision dans le propos. Pourtant, au terme de l'ouvrage, on reste avec plusieurs questions. Même implicitement, la plupart des A. se positionnent de manière critique à l'égard de la théologie thomiste. Mais, pour revisiter l'analogie, ne fallait-il pas commencer par revisiter Thomas d'Aquin lui-même ? Dans sa contribution extrêmement fine, il est dommage, p. ex., que V. Holzer analyse l'analogie suarézienne sans donner une plus grande place à Thomas. En outre, au fil des pages, l'importance de la contribution de K. Barth se fait de plus en plus évidente, ce que personne ne contestera. Pourtant, les rapports de l'intelligence et de la foi ne sont-ils pas radicalement différents en théologie catholique et protestante ? Plusieurs allusions sont faites à Vatican i, pourtant, la question demeure : l'analogie christique telle qu'elle est présentée par Barth suffit-elle à rendre compte de la capacité de l'intelligence à accéder à l'existence de Dieu ? Cet ouvrage se présente donc comme un fort stimulant et appelle à poursuivre la recherche. - G. de Longcamp c.s.j.

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