Notes de retraites (1919-1954), intr. G.-H. Baudry

Pierre Teilhard de Chardin
Spiritualité - Recenseur : G. Navez s.j.
Les notes de retraite sont rédigées par Teilhard pour lui-même et non pour le public. C'est tout l'intérêt d'une confidence personnelle sans publicité. Elles n'apportent pas de développements sensationnels, mais un souci de coïncider avec le plan de Dieu selon la révélation, sans négliger pour autant les lumières d'une science rigoureuse, minutieuse, appréciée par ses pairs.
Teilhard tient compte de l'orientation fondamentale du cosmos qui va vers l'unité (synthèses originales de plus en plus complexes et débordant largement la somme de leurs éléments). Le Christ est l'Oméga Évoluteur. Il est le chemin, la Vérité, la vie, qui ne peut se réduire selon nos préjugés sur l'évolution, ou par crainte d'un panthéisme mal compris, selon nos vue rétrécies opiniâtrement. Aussitôt, nous sommes frappés par l'amour et la fidélité envers tout le réel, que Teilhard maintient à travers méfiance et incompréhension. Il veut réconcilier foi chrétienne et science moderne, pour donner une vision élargie et cohérente de l'univers, de l'homme et de la révélation.
Teilhard (tel est le sens des Exercices de saint Ignace) vise, au delà des théories abstraites, un engagement personnel sans réserve que sa conscience refuse de tronquer et auquel il veut garder toute son ampleur et consistance en Dieu seul (vue cosmique et non dégagée de ses racines), sens de la matière, vue positive de l'agere contra, du renoncement et de la pureté, sens solidaire de la Messe sur le monde, lecture nouvelle de l'Écriture, christologie selon son amplitude essentielle, etc. En cela, dans une optique neuve, Teilhard se révèle décidément comme un maître spirituel spécialement éclairé et dynamique pour le troisième millénaire.
Notons qu'au-delà de l'évolution réfléchie et mystique vécue des années 1919 à 1951, les retraites, surtout de 51 à 54, donnent un résultat éblouissant qui répond aux intuitions toujours approfondies et aux interrogations scrupuleuses de l'écrivain fidèle à sa ligne continue, malgré la méfiance tenace d'une Curie butée, mais avec l'encouragement que lui apportent ses amis les plus clairvoyants et passionnés, soucieux tout autant que lui d'une obéissance non servile mais authentique, au risque souvent de leur carrière.Le concile Vatican II semble d'ailleurs avoir largement réhabilité Teilhard et ses partisans de l'évolution. - G. Navez, S.J.

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