Trente ans après la publication de la Dogmatique oecuménique d'Edmund Schlink, observateur du Concile Vatican II, un ouvrage du même titre vient de paraître, signé par deux professeurs émérites, l'un catholique, l'autre luthérien. B. a enseigné la dogmatique et l'histoire des dogmes à l'université de Ratisbonne et est membre du célèbre groupe des théologiens oecuméniques d'Outre-Rhin. Celui-ci, chargé par le pape Jean-Paul II en 1980, lors de sa visite en Allemagne, de se pencher sur les anathèmes du xvie s., fut à l'origine de la Déclaration commune sur la justification de 1999. K., qui enseigna la théologie systématique aux universités de Berlin, Leipzig, Munich, Vienne et, en qualité de professeur invité, à l'Univ. grégorienne de Rome en 1999, fut membre de la Commission foi et constitution du Conseil oecuménique des Églises entre 1968 et 1991. Sa contribution à l'ouvrage présenté est en quelque sorte le testament de ce théologien décédé peu avant la publication de la Dogmatique oecuménique.
Même si chacun des co-auteurs signe les chapitres qu'il écrit, chaque page a été discutée entre les co-auteurs. Ainsi la Dogmatique oecuménique est le fruit d'un véritable partage entre les deux éminents théologiens. Avant de traiter l'ensemble de la matière disposée selon le schéma de l'histoire du salut, suivant le symbole de foi, les co-auteurs s'attardent aux prolégomènes: B. donne une «introduction dogmatique» à la «foi» (I), K. intitule son traité (II): «Révélation, Écriture, Doctrine ecclésiastique». Ensuite, B. présente la théo-logie dont la partie centrale est consacrée à la doctrine de la Trinité (III).
K. poursuit avec la protologie (IV) et B. enchaîne avec l'anthropologie (V). À la christologie (VI) présentée par K., B., l'historien des dogmes, apporte sa contribution. K. expose par la suite la pneumatologie (VII) et la sotériologie (VIII).
Le traité de l'ecclésiologie (IX) est le véritable coeur de la Dogmatique oecuménique. Il constitue près d'un quart de l'ouvrage car l'ecclésiologie est, selon les auteurs, le test (Ernstfall) du projet oecuménique. En effet, pendant les quarante dernières années, le dialogue oecuménique n'a pas pu aboutir à un consensus décisif quant aux questions ecclésiologiques, ainsi que le constatait le Card. Kasper en 2009 dans son compte rendu de la situation oecuménique (Harvesting the Fruits). Les auteurs ont choisi de ne pas s'aventurer sur le terrain d'entente d'une ecclésiologie à profil bas, mais de proposer aux lecteurs deux traités ecclésiologiques, l'un catholique, l'autre protestant, tout en élaborant les enjeux et les perspectives systématiques des convergences oecuméniques. Tous deux font redécouvrir la conception et la réalité de l'Église comme «communion» (koinonía, communio), tout en surmontant, d'un côté, la position du Card. Bellarmin (p. 485) et, de l'autre, celle du protestantisme anti-institutionnel (p. 611) et spiritualiste (p. 603). Dans cette communion, l'ordre est fondamentalement service (ministerium). Si le luthérien fait remarquer que services et ministères demandent une «responsabilité personnelle» et ajoute le lien entre ordination et succession dans les lettres pastorales (p. 428), c'est le catholique qui souligne que ordre et structure ecclésiale ne sont pas à confondre avec hiérarchie (p. 437, 441). Dans son traité, B. conclut que ce n'est pas une conception différente de l'Église qui sépare actuellement les Églises, mais seule une conception juridique de la succession apostolique (p. 501). Il espère néanmoins que le chemin d'une compréhension oecuménique s'ouvre et rappelle que le Concile Vatican II a renouvelé l'ecclésiologie en accentuant non pas l'aspect juridique, mais bien l'aspect spirituel de l'Église (p. 502).Quant à la théologie oecuménique des sacrements (X), K. expose les sacramenta majora et B. les sacramenta minora. B. clôture le traité de l'eschatologie (XI), soit la fin de l'ouvrage, par la sentence: «Les cieux sont la fin de chaque théologie.» - V. Brandt

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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