Même si chacun des co-auteurs signe les chapitres qu'il écrit, chaque page a été discutée entre les co-auteurs. Ainsi la Dogmatique oecuménique est le fruit d'un véritable partage entre les deux éminents théologiens. Avant de traiter l'ensemble de la matière disposée selon le schéma de l'histoire du salut, suivant le symbole de foi, les co-auteurs s'attardent aux prolégomènes: B. donne une «introduction dogmatique» à la «foi» (I), K. intitule son traité (II): «Révélation, Écriture, Doctrine ecclésiastique». Ensuite, B. présente la théo-logie dont la partie centrale est consacrée à la doctrine de la Trinité (III).
K. poursuit avec la protologie (IV) et B. enchaîne avec l'anthropologie (V). À la christologie (VI) présentée par K., B., l'historien des dogmes, apporte sa contribution. K. expose par la suite la pneumatologie (VII) et la sotériologie (VIII).
Le traité de l'ecclésiologie (IX) est le véritable coeur de la Dogmatique oecuménique. Il constitue près d'un quart de l'ouvrage car l'ecclésiologie est, selon les auteurs, le test (Ernstfall) du projet oecuménique. En effet, pendant les quarante dernières années, le dialogue oecuménique n'a pas pu aboutir à un consensus décisif quant aux questions ecclésiologiques, ainsi que le constatait le Card. Kasper en 2009 dans son compte rendu de la situation oecuménique (Harvesting the Fruits). Les auteurs ont choisi de ne pas s'aventurer sur le terrain d'entente d'une ecclésiologie à profil bas, mais de proposer aux lecteurs deux traités ecclésiologiques, l'un catholique, l'autre protestant, tout en élaborant les enjeux et les perspectives systématiques des convergences oecuméniques. Tous deux font redécouvrir la conception et la réalité de l'Église comme «communion» (koinonía, communio), tout en surmontant, d'un côté, la position du Card. Bellarmin (p. 485) et, de l'autre, celle du protestantisme anti-institutionnel (p. 611) et spiritualiste (p. 603). Dans cette communion, l'ordre est fondamentalement service (ministerium). Si le luthérien fait remarquer que services et ministères demandent une «responsabilité personnelle» et ajoute le lien entre ordination et succession dans les lettres pastorales (p. 428), c'est le catholique qui souligne que ordre et structure ecclésiale ne sont pas à confondre avec hiérarchie (p. 437, 441). Dans son traité, B. conclut que ce n'est pas une conception différente de l'Église qui sépare actuellement les Églises, mais seule une conception juridique de la succession apostolique (p. 501). Il espère néanmoins que le chemin d'une compréhension oecuménique s'ouvre et rappelle que le Concile Vatican II a renouvelé l'ecclésiologie en accentuant non pas l'aspect juridique, mais bien l'aspect spirituel de l'Église (p. 502).Quant à la théologie oecuménique des sacrements (X), K. expose les sacramenta majora et B. les sacramenta minora. B. clôture le traité de l'eschatologie (XI), soit la fin de l'ouvrage, par la sentence: «Les cieux sont la fin de chaque théologie.» - V. Brandt