Après une étude consacrée à l'Afrique francophone («Panorama de la
théologie négro-africaine contemporaine», 2002), l'A. se tourne
aujourd'hui vers les théologiens noirs anglophones africains:
catholiques, anglicans, presbytériens, «évangélistes»… au Kenya, au
Nigeria, au Soudan, en Zambie, en Tanzanie, au Cameroun… Il en
présente les différentes tendances: Église famille de Dieu, Christ
Proto-ancêtre, théologies de l'inculturation, de la reconstruction,
de la guérison spirituelle… Lui-même préfère les théologiens de la
libération holistique (politique, socio-économique) dont il propose
comme représentants: le jésuite Englebert Mveng, le cardinal Zubeir
Waco, Mgr Milingo, guérisseur aux «radiations thérapeutiques»,
Nelson Mandela… Il reconnaît les mérites de deux missionnaires
américains de Maryknoll, J.G. Healy et Donald Sybertz, qui
proposent une théologie narrative de la guérison divine. Il
s'attarde longuement sur le socialisme de Nyerere étudié par
Laurenti Magesa à la lumière de la foi chrétienne: une théologie
qui se veut partiale, au service des pauvres. Il expose la
théologie «révolutionnaire», sur fond d'apartheid, du sud-africain
Itumeleng J. Mosala. Parmi les Américains, il retient James H. Cone
qui présente le pasteur Martin Luther King et le musulman Malcom X
comme des «pierres de touche de la théologie noire de la
libération»; Albert Cleage Jr, pour qui le Christ des synoptiques
est un leader noir et zélote («The black Messiah», 1968); W.R.
Jones qui, dans son effort de réhabilitation du mouvement humaniste
noir, cherche à déconstruire les théodicées chrétiennes («Is God a
white racist?», 1973) Que le style ampoulé et répétitif, souvent
amer et acerbe, de l'ouvrage ne décourage pas le lecteur: il recèle
une mine précieuse de renseignements utiles. - P. Detienne