Paris capitale religieuse sous le Second Empire

Jacques-Olivier Boudon
Histoire - Recenseur : Bernard Joassart s.j.
Spécialiste de l'histoire de l'épiscopat français du 19e siècle, l'A. nous donne dans ce volume ce que l'on pourrait presque considérer comme le rapport d'une visite pastorale, étant bien entendu qu'il est d'un style particulier puisqu'il porte sur la longue durée, et surtout qu'il adopte le point de vue de l'historien et dès lors ne reflète pas le point de vue des seuls pasteurs. Le diocèse de Paris est un diocèse sui generis, notamment parce qu'il recouvre une ville et pas une région à proprement parler. Paris, un diocèse qui «attire» (cf. la 1e partie): y habite un clergé séculier nombreux, originaire tant du diocèse que d'autres régions du pays; mais les religieux et religieuses y sont fortement implantés, ce qui n'est pas sans inquiéter les autorités épiscopales; de même qu'on y rencontre d'importantes communautés étrangères, préludes à la forte immigration des décennies suivantes; un diocèse qui, à l'époque, voit naître les premiers efforts en vue d'en faire un pôle intellectuel catholique, ainsi que bon nombre de tentatives dans la recherche de solutions aux questions sociales soulevées par les transformations économiques.
Paris: un diocèse qui, pendant le Second empire se transforme, s'«haussmannise» (cf. la 2e partie); si le maintien de la foi n'est pas chose simple, le réseau pastoral se modifie, notamment par l'impératif de prendre en compte la «banlieue», ou encore par la nécessité d'ériger de nouvelles paroisses, ce qui implique également la construction de nouveaux édifices de culte, tandis que la ville devient une «cité sacrée» où se déroulent de grandes cérémonies «nationales», la cathédrale Notre-Dame étant le haut-lieu de bon nombre de ces manifestations (mariage de Napoléon III, baptême du Prince impérial).
Paris, un diocèse «au coeur de l'Église de France» (cf. la 3e partie). Certes, Paris n'est pas le centre «officiel» de l'Église de France, mais l'archevêché exerce comme une «primatie» de fait, d'autant que les titulaires du siège de saint-Denis sont proches du pouvoir, qu'ils ont recueilli une bonne part de l'héritage gallican et se posent en défenseurs des droits des «Églises locales» (si on peut oser cet anachronisme), face à l'utramontanisme de certains de leurs collègues dans l'épiscopat (d'aucuns de ceux-ci ne manquent d'ailleurs pas de manifester leur mauvaise humeur face à la centralisation parisienne; mais certains tirent profit du bouclier parisien pour leur propre carrière). Et si le diocèse finit par adopter la liturgie romaine, les sujets de différends entre Rome et Paris ne manquent pas, par exemple à propos des États pontificaux et de l'infaillibilité du successeur de Pierre, à tel point qu'un Mgr Darboy ne sera jamais créé cardinal! Finalement, en matière religieuse, Paris est la «capitale», comme elle l'est politiquement.Voilà dès lors un livre - fort agréable à lire - qui à sa manière, outre la découverte d'une période de l'histoire d'un diocèse bien précis, nous ouvre aussi une fenêtre sur l'histoire religieuse de la France sous le Second empire, laquelle bien sûr demanderait que d'autres fenêtres soient ouvertes à partir d'autres circonscriptions ecclésiastiques. Indépendamment d'un regret - qu'en est-il des autres confessions chrétiennes, même si elles sont minoritaires? -, soulignons la présence d'un «répertoire du personnel ecclésiastique du diocèse» (membres de l'administration diocésaine, chanoines, curés inamovibles, c'est-à-dire «tout ce qui compte» dans un diocèse), et d'une série d'illustrations fort suggestives. - B. Joassart, S.J.

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