Ce petit recueil est une perle précieuse pour tous les baptisés,
mais particulièrement les prêtres et les formateurs en terre
francophone. Avec amitié, ce moine laïc, fondateur d'une communauté
oecuménique, rassemble ses réflexions sur certains aspects du
ministère sacerdotal et ses commentaires publics des 6 dernières
années. Ces «ouvertures» s'articulent sur le rapport à la Parole de
Dieu et la Célébration eucharistique. Une lettre affectueuse (I),
«Comment célébrer la messe?», est le portique du livret.
L'insistance sur la vérité de la liturgie et de tout acte
sacramentel est forte: «Je voudrais te livrer une seule parole:
prie la messe». C'était déjà le conseil de Pie X à tous les
fidèles!Dans la ligne du Synode sur l'Eucharistie (2005) et de
l'Exhortation apostolique Sacramentum caritatis, les deux
chapitres qui suivent cette lettre commentent la liturgie de la
Parole et de l'Eucharistie. Ces deux parties «forment une seule
action, et c'est le même pain de vie qui est offert à la table de
la Parole de Dieu et du corps du Christ, comme aliment pour
l'assemblée» (p. 115). Il y a un ars celebrandi qui «est
un acte du culte unique et uni» (p. 115): il manifeste la puissance
de l'Esprit qui «parle» au prêtre et par celui-ci (la présidence),
et qui «parle» aussi à la communauté rassemblée.La deuxième partie
(II), «la Parole de Dieu et le prêtre», souligne de manière
suggestive à quel point le prêtre est «confié à la Parole» pour
qu'il en soit en vérité «le ministre» (Ac 6,4). Cette belle
méditation atteste de l'importance de l'écoute et de la réalisation
de cette Parole dans la vie du prêtre. Unifiant les apports de
l'Ancienne et de la Nouvelle Alliance, des textes des Pères, et des
papes récents, E. Bianchi nous offre des lumières sur cette Parole:
vie de prédication à des communautés précises, prédication
passionnée et animée des vertus théologales (Dt 8,3; Ep 6,19). Deux
convictions animent ses brefs propos: le prêtre est un disciple du
Seigneur, un «envoyé» auprès d'une communauté et auprès des hommes.
Sa spiritualité «naît de ce qu'il est, de ce qu'il dit, de ce qu'il
fait en tant que prêtre dans l'Église de Dieu. (…) Il nourrit sa
vie spirituelle de tout ce qu'il opère en tant que prêtre» (p. 42).
C'est ainsi qu'il sera doté d'exousia.La troisième partie
(III) traite de l'Eucharistie et du prêtre. Il s'agit de situer
deux sacrements l'un vis-à-vis de l'autre et de marquer
l'importance ecclésiale de la présidence de toute Eucharistie par
le prêtre (l'A. ne parle malheureusement pas des
«concélébrations»!). C'est à partir de l'Eucharistie que le prêtre
trouve et fortifie son identité spirituelle. Son visage est façonné
dans la célébration «qui est oeuvre de toute l'assemblée». De plus,
rappel est donné d'un principe toujours actuel: «La liturgie
(lex orandi) ne ratifie pas seulement la foi (lex
credendi), mais elle devient également inspiration de vie
(lex vivendi)» (p. 88). Cet «art» de célébrer est décisif
car il est un «service rendu à l'édification du corps du Christ
comme temple saint» (p. 93): «Les participants à la célébration
doivent donc en apprendre la grammaire et la syntaxe propres, de
manière à entrer dans la dynamique toujours orientée par le
principe « per visibilia ad invisibilia »» (p. 95). Dans
ce contexte, le prêtre est appelé à prendre conscience de manière
adéquate qu'il «fait signe» (p. 97) et que son «moi» est intégré au
corps du Christ pour la communion. Après avoir évoqué de manière
lumineuse ce qu'est le service de la «beauté» dans la liturgie (p.
106), l'A. traite brièvement des «abus liturgiques». L'angle de vue
est original et italien. Il donne à penser et reflète l'expérience
d'un homme qui a fréquenté durant 20 ans la messe «dite selon le
Missel de saint Pie V». Il met en exergue les tentations actuelles
dans l'ars celebrandi: le protagonisme et
l'exhibitionnisme, l'hiératisme et l'ésotérisme.Avec l'A.,
concluons: «Comment recouvrer le véritable esprit de la liturgie?
En célébrant la forme ordinaire de l'Eucharistie « dans la
crainte de Dieu, dans l'adoration qui est la condition essentielle
pour louer, rendre grâce, prier notre Dieu, et dans la certitude
que la liturgie contient la plus grande force en vue de
l'évangélisation »» (p. 11). - A. Mattheeuws sj