J. Goldstein pose une question essentielle dans ce volume: comment
les peuples du Proche-Orient ancien qui professaient une foi en un
Dieu tout-puissant parvenaient à expliquer les revers de
l'histoire, en particulier les crises, les défaites militaires et
la domination étrangère? Dans un premier temps, l'A. étudie à ce
propos les idéologies de l'ancien Israël, de Babylone, de l'Égypte
et de l'Iran. Les chapitres suivants (4-15) passent en revue sept
siècles de l'histoire du Proche-Orient ancien, depuis le règne
d'Achaz en Israël jusqu'aux batailles de Judas Maccabée. En
général, l'A. analyse les textes littéraires qui commentent ou
interprètent les événements relatés. Le lecteur est tour à tour
confronté aux idéologies de la Mésopotamie (Assyrie et Babylone),
de la Perse et de la Grèce hellénistique. Certaines parties sont
très intéressantes, par exemple celles qui traitent de la
coexistence de deux cultures qui toutes deux affirmaient à la même
époque la supériorité absolue de leur «dieu»: les Babyloniens qui
croyaient en la toute-puissance de Marduk et le peuple de Jérusalem
fidèle à YHWH. Comment le peuple d'Israël a-t-il pu continuer à
affirmer la toute-puissance de YHWH après la destruction du temple
de Jérusalem et la déportation? Pourquoi les Babyloniens ont-ils
peu à peu cessé de croire en Marduk? Pourquoi le second Isaïe
a-t-il pu voir dans la victoire de Cyrus sur Babylone la
réalisation d'un plan conçu depuis longtemps par le Dieu d'Israël?
J.G. répond à ces questions et à bien d'autres encore, avec la
compétence dont il a fait preuve en écrivant les deux volumes sur
les Maccabées dans la collection Anchor Bible. Par ailleurs, la
lecture des ces pages très denses laisse parfois perplexe. Il y a
une bonne part de spéculation dans la datation de certains textes
bibliques et cunéiformes. L'A. avoue lui-même ne pas bien connaître
certaines parties du sujet traité (cultures de Mésopotamie, Iran et
Égypte). À plus d'une reprise, il admet aussi qu'il n'est pas à
même de fournir une preuve complète ce qu'il avance. Le lecteur
critique sera certainement séduit par plus d'une argumentation,
mais il aura peut-être aussi l'impression que le pain aurait pu
rester un peu plus longtemps dans le four. - J.-L. Ska, S.J.