Petite conversation sur le diable

Gaultier de Chaillé
Spiritualité - Recenseur : Alban Massie s.j.

Il n’est jamais aisé de parler du diable car c’est le propre du Mal de diviser, alors que le langage est donné pour unir. Cette « conversation » est née d’un vrai dialogue entre l’A., prêtre de Versailles, pasteur et théologien, et un journaliste amateur de « culture satanique ». On est étonné de l’érudition et de la précision avec laquelle Gaultier de Chaillé, ancien étudiant des jésuites en leurs facultés de théologie à Bruxelles et Paris (Sèvres), arrive à présenter les concepts nécessaires à une saine intelligence de la réalité diabolique.

3 parties structurent l’ouvrage : qui est le diable ? ; que fait le diable dans notre monde ? ; délivre-nous du mal. Il n’existe plus guère d’enseignement sur la démonologie. L’A. reprend donc les données lexicographiques traditionnelles, en les situant dans l’angélologie, notamment biblique, et selon les catégories thomistes (se référant à T.S. Bonino, Les anges et les démons. Quatorze leçons de théologie, 2007, cf. NRT 132, 2010, p. 345). Il aborde la question de la temporalité dans laquelle se manifeste le mal qui, chez les démons, est au contraire dans une instantanéité éternelle. Le péché du diable, c’est l’orgueil alors que « Dieu ne peut être contemplé que par un cœur humble » (p. 64). On peut alors regarder de plus près ce que le diable fait aux hommes, en quoi consistent « l’obsession », « l’oppression » et la « possession ».

L’A. reconnaît qu’il peut être difficile de séparer psychiatrique et spirituel. Lui-même témoigne de sa pratique : « ce que je recommande toujours quand je reçois quelqu’un qui se plaint de ce type d’atteintes, c’est de ne pas se contenter du secours de la religion si les problèmes continuent » (p. 96).

Il examine les accusations de « satanismes » portées contre divers groupes (musique ou franc-maçonnerie p. ex.) et propose finalement le chemin des vertus et de l’ascèse pour se protéger des attaques du diable.

On notera que les questions liées à la religiosité actuelle, populaire ou gnostique et souvent sans incarnation, ne sont pas mises de côté même si on pourrait préciser de manière plus aigüe le rapport entre psychiatrique et spirituel. On appréciera surtout le style de l’ouvrage qui refuse la caricature et n’évacue pas les problèmes dans une langue de buis malvenue. On ne peut qu’encourager l’A. à poursuivre ses recherches, non seulement dans le domaine qu’il nous présente ici, mais dans les questions théologiques qui touchent nos contemporains. — A.Ms.

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