Rédigé par un avocat belge pénaliste de haut vol, cet ouvrage, préfacé par Paul Tihon s.j., exprime la conviction d’un chrétien qui n’hésite pas à parler humblement de sa prière, de son engagement, de sa foi. Prenant le symbole des apôtres comme fil conducteur de ce volumineux ouvrage, Réginald de Béco accroche, à chaque article exposé, à la fois une reprise personnelle de son contenu dogmatique, une citation de la Bible ou d’un Père de l’Eglise (Isaac le Syrien, Cassien…) ou d’un auteur contemporain (H. Küng, K. Rahner, F. Varillon…), avec aussi des témoignages recueillis dans les milieux judiciaires et carcéraux. Ainsi, le cœur est nourri par ces faits de vie, autant que l’esprit par cette anthologie personnelle. Les insistances de l’A. vont indubitablement vers l’amour : Dieu est amour, communion trinitaire d’amour ; il est miséricorde. Tout est dit par-là : il « suffit » d’aimer.

Si tous les chrétiens, à quelque confession qu’ils appartiennent, vibreront à la lecture de cet engagement personnel, le théologien catholique sera probablement plus perplexe en lisant les pages où l’A. prend distance par rapport à l’enseignement de l’Église en matière de morale sexuelle. Les positions ecclésiales sur la contraception, l’avortement, les relations préconjugales, les rapports homosexuels, le remariage des personnes divorcées, l’ordination sacerdotale réservée aux hommes… ne sont pas reçues car elles paraissent s’opposer au message évangélique d’amour et d’égalité entre tous les humains. Le théologien doit-il pour autant jeter la pierre à l’A. qui semble avoir ainsi trop facilement opposé la rigidité des commandements et du catéchisme aux débordements miséricordieux de l’amour divin ? Pas davantage sans doute que sur la femme adultère (Jn 8,9), mais il mesurera mieux l’immense tâche qui l’attend de faire comprendre à tous les chrétiens à quel point la charité du Christ touche la profondeur créée des corps — X. Dijon s.j.