Prêtre français du diocèse de Manille, engagé dans une association
qui accueille et veille sur les enfants des rues dans cette ville,
l'A. reprend la question de la théodicée tant étudiée, en se
mettant à l'école de ces enfants. L'ouvrage s'ouvre sur une plongée
progressive dans le mystère du mal, pour en découvrir l'insondable
profondeur, qui se laisse percevoir davantage dans les larmes et le
silence que dans les raisonnements. La seconde moitié fait entendre
au lecteur combien le mystère du mal est connu et habité par les
enfants des rues, au point qu'ils remportent sur lui des victoires
aussi significatives qu'émouvantes. L'A. déploie ainsi, tour à
tour, leur sens du sacrifice, leur courage, leur soif d'amour, la
capacité à pardonner et à espérer, en insistant finalement sur la
persévérance. Dans cet essai qui fait mémoire de nombreuses
rencontres et conversations, il ne s'agit pas de proposer une
explication au mal ni une justification de Dieu : l'A. fait
entendre dans la première moitié de son parcours qu'il n'en existe
pas, et même qu'il ne saurait en exister qui soit à la hauteur de
la souffrance des victimes. Il ose cependant découvrir, dans les
ressources de vie et de transformation déployées par les plus
pauvres, une réponse au mal qui ouvre à la joie
et à l'espérance. - F. Odinet