Prêtres-Ouvriers. 50 ans d'Histoire et de Combats, préf. P. Pierrard

R. Poterie L. Jeusselin
Histoire - Recenseur : Bernard Joassart s.j.
On sait l'importance de l'introduction à tout ouvrage. Ne pouvant transcrire intégralement celle de ce volume, en voici un extrait dans lequel les A. expriment sans doute au mieux leur propos: «Nous ne sommes pas, nous ne prétendons pas être, des historiens. Des historiens de métier, rompus aux disciplines assez strictes, de ce métier. Nous sommes des témoins qualifiés - oserions-nous dire - par notre proximité depuis longtemps au coeur de cette réalité Prêtres-Ouvriers. Passionnés, mais rigoureux, nous avons pensé qu'il était utile et possible de permettre à un large public, une approche de cette réalité, au-delà de toute approximation, au-delà de toute légende, laquelle serait bien trop sympathique, et donc fallacieuse.
«Notre projet au travers de cet ouvrage, c'est de faire connaître des faits, des événements concernant les Prêtres-Ouvriers. Nombre de ces faits restent (presque) totalement ignorés du grand public. Ce que nous voulons c'est aussi et tout autant, non pas justifier ces événements, mais chercher à les comprendre, à les expliquer. Et cela, en respectant les visages fort diversifiés qui se sont manifestés au cours de l'histoire» (p. 13).
Le propos est séduisant. Et on serait porté à le croire sérieux, d'autant qu'il est cautionné par Pierre Pierrard qui écrit notamment dans la Préface que «l'ambition du présent ouvrage est précisément de tenter une approche historique du fait P.-O. - réalité significative et non normative -, au-delà de toute approximation, de toute légende, si sympathique soit-elle» (p. 9).
Qu'en est-il exactement? Que l'écriture de l'histoire exige une certaine «passion» - Marrou était plus sage en parlant de «sympathie» -, aucun «technicien» ne le contestera. Mais d'emblée, on se demande si les A. avaient un minimum de conscience que, s'ils entreprenaient «une approche de cette réalité, au-delà de toute approximation, au-delà de toute légende», et s'ils voulaient être «rigoureux», «comprendre», «expliquer», cela ne s'improvise pas, et qu'il est indispensable, pour le dire en langage familier, «d'assurer ses arrières». On peut évidemment adopter la formule «témoignage»; mais celle-ci n'est pas moins exigeante, et elle ne semble d'ailleurs pas avoir été privilégiée par les A. En définitive, devant quoi se trouve-t-on? On a beau lire et relire le volume avec la plus extrême attention, la seule conclusion qui s'impose est: un fourre-tout, où tout se bouscule. Les choses étaient-elles claires dans l'esprit des A.? Peut-être. S'ils entendaient montrer la complexité du phénomène, ils y sont parvenus, mais en aucune manière selon les règles élémentaires de l'historien qui, sans jamais occulter la complexité, veut apporter de la clarté. Ajoutons à cela une présentation matérielle désastreuse, qui rejaillit d'ailleurs souvent sur la compréhension (on se demande parfois où commencent et se terminent certaines citations; d'aucunes n'ont pas de référence - bien malin qui pourrait les retrouver -; l'absence de tout index n'est pas faite pour faciliter la consultation). Au total, on a un ouvrage «large public (celui visé par les A.) s'abstenir», à moins de vouloir s'embourber.
C'est d'autant plus dommage que l'on sait l'importance qu'a eue l'expérience des prêtres-ouvriers dans la vie de l'Église contemporaine, car c'était et c'est encore une expérience qui incline au respect. Elle méritait un livre de qualité. - B. Joassart, S.J.

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