L’ouvrage s’inscrit dans le prolongement du travail de Jocelyne Michel sur les Psaumes, qui a déjà donné lieu à deux publications chez le même éditeur (La poésie à l’œuvre, Une lecture du Psaume 91^TM, 2016 ; Psaumes 131^TM et 130^LXX, La valeur d’une image : l’âme « enfant sevré », 2019, recensées dans NRT 142, 2020, p. 321). L’avant-propos méthodologique rappelle le projet : l’A. laisse de côté l’interrogation historico-critique, et envisage le Psaume comme un monde clos, mettant en œuvre une poétique singulière. C’est à la question de savoir comment le psalmiste dit ce qu’il dit que l’A. entend donner une réponse : « lire un psaume, c’est consentir à entrer dans un univers poétique et à s’y tenir » (p. 11). Pour les Psaumes 42^TM et 43^TM, l’A. estime que le psalmiste cherche à faire pénétrer dans l’intimité d’un colloque, dans lequel il interagit avec son âme et avec Dieu.

L’analyse se rend attentive à la syntaxe autant qu’à la force des images – ainsi des copieux développements consacrés au « cerf altéré » depuis la littérature antique. Pourtant le propos s’enrichit de comparaisons intertextuelles suggestives, comme l’étude des occurrences du verbe , arag, « soupirer », employé deux fois en Ps 42,1 et une fois en Jl 1,20 (p. 47-50).

Le commentaire proposé est linéaire, il comprend une dizaine de pages pour chaque verset, qu’une conclusion partielle vient souvent résumer. La bibliographie renseignera utilement le lecteur sur la nature de l’ouvrage : plutôt qu’une analyse exégétique, il constitue en réalité une étude érudite et interdisciplinaire établie à partir du texte de deux psaumes. Les nombreuses références philosophiques en témoignent, ainsi que l’absence d’études récentes consacrées à l’exégèse des Psaumes. La lecture est exigeante et s’adresse à ceux qui veulent réfléchir aux mots de la prière. — N.J.