Il n'est pas nécessaire de présenter André Wénin, exégète brillant,
prof. à Louvain-la-Neuve. Il est fréquent que le sujet abordé,
« les psaumes contre les ennemis », les « psaumes
violents », intriguent le lecteur du psautier et, un jour ou
l'autre, l'exégète de l'AT se sent dans l'obligation d'en rendre
compte. Et pourtant le thème n'est pas facile. Ceci se complique
dans l'Église catholique romaine où, depuis le concile
Vatican ii et la réforme de la liturgie qui s'ensuivit,
quelques psaumes de cette catégorie ou un certain nombre de versets
appartenant au même genre ont été éliminés des lectionnaires
officiels. Wénin, en exégète qui se respecte, avant de tirer des
conclusions théologiques, s'est attaché aux textes eux-mêmes. Pas
tous, car il y en a « trop ». Il travaille en détail,
après une présentation de la problématique, les psaumes 58, 83 et
109. Un 4e chap. porte sur ce qu'il appelle
« Bribes des psaumes » (35, 69 et 59). Vient alors un
5e chap. appelé « La cohérence des
psaumes » et finalement la conclusion. L'approche littéraire
est solide et présente bien les données qui permettent de lire
honnêtement de tels poèmes.
Dans les conclusions, il tient compte du langage utilisé, des
rapports des différentes parties du psaume étudié, des différentes
lectures possibles parfois. Il tient très bien compte du triangle
organisé dans ce genre de lamentations : Dieu, le psalmiste et
ses ennemis, et qui permet de sortir du duel mortifère entre ces
deux derniers. Je suis étonné de l'absence dans la bibliographie
du Document épiscopat de P. Beauchamp sur
le sujet, l'un des meilleurs sur la question. Pourtant, Wénin
connaît et apprécie beaucoup le jésuite. Certes tous les éléments
d'imprécation du psautier n'ont pas été censurés dans les
lectionnaires. Mais c'est la seule chose qui a été
exclue, cachée. Une explication théologique plus soutenue
encore aurait montré le non-sens de cette censure inadmissible.
Livre à lire et à recommander. - J. Asurmendi