Parmi les livres de la Bible, Qohélet, ou l'Ecclésiaste, a souvent
mauvaise presse: son auteur n'est-il pas désabusé, pessimiste et
grincheux: «Tout est vanité…!» - «Rien de nouveau sous le soleil…»
- «Rien de bon en cette vie… tandis que l'homme s'en va vers sa
maison d'éternité?» Pourtant, c'est un vieux sage qui l'a composé;
et pourquoi pas le roi Salomon dans ses vieux jours, comme
l'affirma la tradition juive? Encore faut-il savoir le lire. Dans
cette monographie, un bibliste diplômé de Strasbourg, maître de
conférences à la Faculté de théologie de l'Univ. catholique de
Lyon, se fait notre guide et relit avec nous cet écrit de sagesse
qui a «pris le parti de la vie», comme le signale le sous-titre.Au
fil des pages de son commentaire, il nous livre un portrait
autrement nuancé de la communauté de son époque, qui la rend
réellement attachante. Malgré tout ce qui «va mal» dans notre
existence humaine et les critiques nombreuses qu'il rédige sur les
comportements des humains, et compte tenu de la relativité des
réalités terrestres, l'A. parvient à nous rendre Qohélet vraiment
sympathique, empreint d'un réalisme de bon aloi que ne dédaignerait
pas un croyant d'aujourd'hui. Mettre notre vie sous le regard du
Seigneur nous permet de vivre en conformité avec nous-mêmes et en
amitié avec nos frères et soeurs. Il y a effectivement un «bonheur
selon Qohélet», titre du dernier chapitre.Lire ce livre constitue
une cure de lucidité et de sérénité, comme le font les Juifs à la
fête des Cabanes (Soukkot) pendant les sept jours qui mènent à «la
joie de la Torah», pour apprendre à accueillir la vie comme don de
Dieu. La Sagesse apprend à vivre dans la Vérité. - J. Radermakers
sj