Qui est « le disciple que Jésus aimait ? »

Joseph Le Minh Thong
Écriture Sainte - Recenseur : Gonzague de Longcamp c.s.j.

Dans sa préface, L. Devillers fait remarquer que la dernière étude en français sur le disciple que Jésus aimait, œuvre de Jean Colson, remonte à 1969. On ne peut donc qu’apprécier d’avoir un nouvel ouvrage en français sur cette question controversée.

Son 1er mérite est peut-être d’offrir au lecteur un dossier complet et extrêmement structuré, malgré sa brièveté. L’A. commence en effet par relire à nouveaux frais les témoignages patristiques sur l’auteur de l’évangile (chap. 1), avant de regarder les fils de Zébédée et les disciples anonymes dans le 4e évangile (chap. 2). Il se trouve alors à pied d’œuvre pour enquêter sur l’identification du disciple que Jésus aimait (chap. 3), avant de tâcher d’en comprendre la fonction littéraire et théologique dans l’évangile (chap. 4).

Les deux premiers chap. de l’enquête sont menés avec grande précision et honnêteté. Ils n’apportent pourtant pas d’éléments réellement nouveaux et décisifs. On a parfois l’impression qu’on ne trouve dans les différents textes que ce que l’on choisit d’y trouver et que la 1re idée qu’on se fait sur l’identité du disciple que Jésus aimait sera de toute façon confirmée par l’enquête.

L’étude des données textuelles, enrichie de l’apport de l’exégèse narrative est beaucoup plus convaincante. Pour l’A., il faut tenir que le disciple que Jésus aimait est à la fois une figure historique, un disciple du Christ et une figure symbolique. Dans le sein de Jésus à la Cène, il est le disciple avec lequel se noue un dialogue plein de compréhension ; au pied de la croix, il forme avec la mère de Jésus la nouvelle famille pascale ; au matin de la résurrection, il croit sous la conduite de l’Esprit Paraclet. Le disciple que Jésus aimait, dans la réalité de son histoire, présente ainsi autant de facettes de l’authentique disciple pascal du Christ. Il devient alors pour la 1re génération de croyants la figure du témoin véridique.

Au terme d’une étude précise, dans laquelle le lecteur est guidé avec patience, on ressent une frustration et un enthousiasme. Frustration parce que le dossier historique garde sa part d’énigme. On ne peut avec évidence identifier le disciple que Jésus aimait à une figure historique. Pourtant, l’A. nous transmet un enthousiasme pour l’authenticité et la puissance du témoignage du 4e évangile. — G. de Longcamp c.s.j.

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