Raison et quête de la sagesse. Hommage à Christian Jambet

(dir.) Mohammad Ali Amir-Moezzi
Religions - Recenseur : Jacques Scheuer s.j.

Dans un entretien situé en liminaire, Christian Jambet évoque quelques étapes d’un parcours singulier qui le vit passer, au lendemain de mai 68, de la militance maoïste à l’enseignement de la philosophie, à la mise en valeur de ressources spirituelles de la pensée philosophique européenne, puis aux entrelacements de la raison et de la foi dans le domaine islamique, plus précisément dans les courants philosophiques de l’islam shî’ite et iranien, domaine de son enseignement à l’École des Hautes Études (depuis 2011). Parmi la vingtaine de contributions, de longueur fort variable, ici offertes par des collègues, amis et élèves, plusieurs concernent le penseur original que Jambet a le plus contribué à faire connaitre par ses études et ses traductions : Sadr al-Dîn Shîrâzî, plus connu sous le nom de Mullâ Sadrâ (décédé vers 1640). D’autres études, les plus nombreuses, concernent des œuvres appartenant à divers courants du shî’isme (y compris chez trois auteurs iraniens contemporains). On pourrait disposer dans un troisième cercle des contributions portant sur d’autres domaines du monde islamique (Avicenne, Ibn ‘Arabî…) mais aussi sur le néoplatonisme.

Parmi les thèmes plus précis faisant ici l’objet d’un examen, signalons : les rapports entre ésotérisme et exotérisme, la chute d’Adam, la figure d’Iblîs et le péché originel, l’hypothèse de l’existence d’autres mondes, les prières lors de pèlerinages sur les tombeaux de saints personnages, le développement des conceptions et de la terminologie de l’amour dans la mystique musulmane, une évocation de Massignon à propos de son article « La guerre sainte suprême de l’islam arabe » (1959), la place d’un motif ou d’une dimension eschatologique voire messianique dans la philosophie occidentale contemporaine. Ce bel ensemble de recherches met en lumière de multiples facettes d’un patrimoine tant intellectuel que spirituel dont trop peu d’Européens soupçonnent la présence en islam et plus particulièrement dans le domaine de langue persane : « un monde où le poème rivalise avec le concept, où la mystique affleure sous la surface de la dialectique » (p. 10), sans oublier les entrecroisements du théologique et du politique. — J.S.

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