L'A. de cette série d'études fait partie des «insatisfaits» qui
rejettent l'exégèse historico-critique, en particulier la «critique
des sources», mais aussi l'apologétique et l'exégèse féministe,
cette dernière parce que trop polémique. Elle préfère, quant à
elle, les lectures «littéraires», c'est-à-dire le «close reading»
des anglo-saxons («explication du texte») et elle s'inspire
beaucoup de l'exégèse rabbinique. Elle lit donc le texte prout
iacet, sans s'interroger sur sa genèse. En outre, elle réagit
vivement lorsque quelqu'un insinue que le Bible puisse contenir des
«erreurs». Les textes qu'elle aborde sont Gn 1-2 comme oeuvre d'un
seul auteur; Gn 4,8: «Et Caïn 'parla contre Abel'…»; les
différentes versions de l'histoire où un patriarche fait passer son
épouse pour sa soeur (Gn 12,10-20; 20,1-18; 26,7-11); la figure de
Hagar «réhabilitée»; les raisons pour lesquelles Joseph est vendu
par ses frères; une «nouvelle lecture» du texte mystérieux d'Ex
4,24-26; l'histoire de la fille de Jephté, une «enfant gâtée»;
l'épisode de Nob (1 S 21-22); Saül et la nécromancienne d'Endor (1
S 28) qui entraîne le roi à l'idolâtrie; le viol de Tamar (2 S 13);
le rôle essentiel de Dieu dans le récit de 1 R 13. Le volume est
complété par un index des noms et des thèmes traités, et un index
des sources anciennes (Bible, apocryphes et sources
rabbiniques).
Une de ses caractéristiques principales, et somme toute bien
sympathique, de ce volume est l'enthousiasme du néophyte qui
transpire à chaque page. L'A. nous raconte par ailleurs comment
elle en est venue à étudier les textes dont elle propose une
lecture personnelle. Parmi les solutions proposées, les unes sont
bonnes et les autres sont meilleures, d'autres encore pourraient
être discutées. Elles sont peut-être aussi moins neuves que ne veut
bien le croire l'A. La bibliographie est, somme toute, assez
limitée, et ceci explique en partie cela. Quant aux attaques contre
l'exégèse historico-critique, souvent caricaturée, elles manquent
plus d'une fois leur cible. Après tout, il s'agit très souvent
d'une question de «points de vue» qui ne sont pas nécessairement
incompatibles. Cela se remarque surtout, mais pas uniquement, dans
la comparaison entre les deux récits de création. Toujours à ce
propos, il serait important de revoir les notions d'«auteur» et
d'«oeuvre», bien différentes dans le monde biblique et dans le
nôtre. - J.-L. Ska, S.J.