Fondée pour une part sur le dépouillement d’archives peu exploitées jusqu’ici, cette étude, que l’A. annonce comme la dernière d’une longue suite de contributions, est centrée sur plusieurs facteurs non religieux qui eurent cependant des conséquences décisives et souvent dramatiques pour les célèbres « réductions » jésuites parmi les Indiens Guaraní. Ces populations furent affectées plusieurs fois, au long des xvii^e et xviii^e s., par des épidémies de variole ainsi que par des disettes et famines sans compter l’exploitation économique et l’enrôlement dans des conflits armés sur la frontière indécise entre les territoires espagnol et portugais. Épidémies, disettes, conflits armés : ces facteurs entretenaient une spirale infernale. Les missionnaires jésuites tentèrent plusieurs fois de protéger les indigènes en déplaçant les « réductions » et en organisant de véritables milices de défense munies d’armes à feu. La concentration de ces communautés dans des agglomérations relativement denses facilita en revanche la propagation de maladies telles que la variole. Des recensements précis de la population (et de la pratique sacramentelle) permettent des analyses démographiques assez fines et, dans certains cas, des comparaisons avec d’autres situations dans l’Amérique latine coloniale. Après l’expulsion des jésuites, la poursuite de conflits frontaliers jusqu’au premier tiers du xix^e s., les razzias pour se procurer main d’œuvre servile et bétail, enfin la politique anticléricale de l’administration achevèrent de disperser les communautés indigènes et de détruire l’infrastructure des « réductions ». L’ouvrage comporte un grand nombre de photos, de plans et de tableaux statistiques. — J. Scheuer s.j.