Ce gros ouvrage collectif, qui fait honneur à la sinologie
française, offre à un public motivé mais non spécialiste une vision
d'ensemble renouvelée par les découvertes et les études récentes.
Il couvre la période ancienne, jusqu'à la fin de la dynastie Han
(220 apr. J.-C.), puis la période 'médiévale', à savoir les trois
ou quatre siècles où la Chine est divisée entre le Nord et le Sud.
À ces périodes correspondent deux ensembles de huit chapitres
chacun, rédigés par une douzaine de collaborateurs. Pour les temps
les plus anciens, ce sont surtout les fouilles archéologiques
(illustrées par un cahier d'une trentaine de reproductions) qui
nous offrent un accès, certes limité, aux usages funéraires, aux
sacrifices, aux pratiques divinatoires (c'est là qu'apparaît
l'usage de l'écriture), à l'établissement d'un calendrier qui,
réglant les travaux et les rites, exprime l'emprise du pouvoir
politique sur la société. Par la suite, les textes se multiplient
et nous renseignent de manière plus fine sur la pensée
philosophique et les représentations religieuses. À partir du début
de notre ère, aux traditions indigènes vient s'ajouter le
bouddhisme d'origine indienne, avec sa bibliothèque de textes
scripturaires, ses méthodes de méditation et ses institutions
monastiques: plusieurs chapitres examinent en particulier les
interactions multiples et malaisément déchiffrables entre taoïsme
et bouddhisme ainsi qu'avec les manifestations d'une religiosité
'populaire' omniprésente et qui cependant nous échappe pour une
large part. Tout en faisant le bilan de nos connaissances actuelles
(reflétées dans une bibliographie assez abondante, chapitre par
chapitre), ce gros dossier signale également les domaines où les
lacunes sont plus criantes ou les interprétations encore
controversées. - J. Scheuer sj