Sagesse indigène traduit de l'espagnol un ensemble de
documents provenant, sauf un, du dossier publié par la Troisième
rencontre latino-américaine de théologie indienne (Cochabamba,
Bolivie, août 1997). Quatre d'entre eux sont des descriptions de ce
qui se vit aujourd'hui, résultat d'un cheminement à travers les
étapes du nomadisme, de la sédentarisation agricole et de
l'urbanisation. On y décrit aussi la religiosité populaire de
petites exploitations agricoles regroupées pour survivre et les
analogies entre la théologie andine et celle de l'Amazonie. Deux
autres textes sont des recherches plus poussées sur les fondements
de cette démarche. On y présente divers types allant de
l'imposition colonialiste de la doctrine chrétienne sous sa forme
européenne aux essais d'une véritable inculturation. On y précise
surtout les principes qui guident ceux-ci. Le premier est la
conviction, rappelée par Vatican II, de la vocation surnaturelle de
toute l'humanité; ce qui se trouve de bien, de beau et de grand
dans les croyances et les pratiques est donc à rattacher à l'action
salvifique de l'Esprit Saint; il doit être traité avec le respect
correspondant, même s'il est mêlé d'imperfections à corriger. Car
aucune révélation ne donne la vérité «à l'état pur»: celle-ci
s'incarne toujours dans une culture, d'où la nécessité d'une
inculturation lorsque celle-ci évolue. Étant donné que toute
doctrine salutaire est une doctrine de vie, essayer d'en vivre est
la meilleure façon de comprendre l'intuition profonde que les mots
du langage ne traduisent jamais dans toute sa richesse.
Il est à peine besoin de faire remarquer que ces règles sont celles
de toute inculturation, qu'il s'agisse de l'Amérique, du continent
asiatique, ou, tout simplement, de la situation actuelle des
chrétientés traditionnelles: Vatican II a invité celles-ci à ne
plus considérer l'Église comme une forteresse assiégée, mais comme
un levain dans la pâte. - L. Renwart, S.J.