Tous les auteurs sont d'accord pour reconnaître en St Maximilien
Kolbe un grand priant, mais il n'a rien écrit de systématique sur
le sujet et fut avare de confidences sur sa vie personnelle
profonde. Toutefois, dans ses écrits, il parle souvent mais
occasionnellement de l'oraison. Le Père de Louvencourt, cistercien
trappiste, s'est attaché à ce martyr et a parcouru ses écrits et
les témoignages de ses contemporains pour rédiger cet ouvrage très
fouillé, systématique, vraie somme de la prière. Il note que Kolbe
fut un homme de tradition, mais de tradition vivante, qu'il a lu
les Pères de l'Église latine et orientale ainsi que Thomas d'Aquin,
Bonaventure, Duns Scot, François d'Assise, Thérèse de Lisieux, etc.
La synthèse théologique kolbienne est «d'une extraordinaire
profondeur». De facture classique, cet ouvrage explique la nature
de la prière kolbienne, sa manière de prier ainsi que ses
différentes formes et ses larges dimensions. L'A. essaie de
préciser ce que fut sa prière contemplative et comment il a compris
la prière de l'Église, avant d'exposer les fruits de cette prière
et les sommets qu'elle atteignit. Il se demande ensuite comment
Kolbe peut nous aider à progresser dans l'oraison, dans l'union à
Dieu et dans la dévotion mariale. Pourtant le franciscain conseille
toujours la liberté dans la prière parce qu'elle est
essentiellement amour, une prière harmonieuse unissant corps et
esprit, contemplation et action, oraison personnelle et
communautaire. Chez lui, pas de ravissement sublime, ni lévitation
ou stigmates, malgré la véhémence de son oraison. L'A. conclut en
disant que cette prière était mariale, consécration totale à Marie,
prière avec Marie dans le Saint- Esprit et prière trinitaire.
Favorisé d'un don spécial de la prière, Kolbe se montra un
authentique maître de prière et un théologien intuitif de celle-ci.
De Louvencourt écrit que la pensée mariale audacieuse de Kolbe
tient du génie, un génie précurseur dont la pensée sur
l'Immaculée-Conception éclaire quelque peu le mystère de la
procession du Saint-Esprit (590-591). Il semble difficile de
partager l'enthousiasme sans réserve de l'A. quand Kolbe dit que
«le Saint-Esprit… n'exerce aucune influence sur les âmes sinon par
l'entremise de l'Immaculée» et «forme de nouveaux membres… du Corps
mystique en Marie et par Marie» (24); ou que «chaque grâce est le
fruit de l'Esprit-Saint et de l'Immaculée» (25). De même, l'A.
approuve sans réserve la consécration totale à Marie, alors qu'en
rigueur de terme et malgré une longue tradition, on ne devrait se
consacrer qu'à Dieu seul. Certes ces outrances et d'autres sont
corrigées par Kolbe lui-même à d'autres endroits où sa doctrine est
mieux balancée, mais, après Vatican II, l'oecuménisme et
l'encyclique mariale de Jean-Paul II, on devrait au moins signaler
qu'il faudrait parler avec plus de vérité et de rigueur de la
dévotion mariale. Il reste que ce livre constitue une excellente
initiation à la prière dans toutes ses dimensions. - B. Clarot,
S.J.