Antoine de Padoue (né Fernando di Buglione), Frère mineur
portugais, docteur de l'Église, est mort en 1231 (il n'avait pas
quarante ans) avant d'avoir pu terminer la dernière partie (le
sanctoral) de son Opus evangelicum. De cette oeuvre, qui compte 76
«sermons», le présent ouvrage a retenu les dix-sept derniers
sermons dominicaux de l'année liturgique (qu'Antoine fait
commencer, avec la Genèse, à la Septuagésime). Ces compositions
sont en fait des outils pédagogiques pour prédicateurs: censés
commenter l'évangile du jour, ces sermons comprennent plusieurs
thèmes, souvent fort disparates. Certains sont de véritables
chaînes de citations bibliques. Antoine utilise beaucoup les
symboles: le boeuf et l'âne symbolisent respectivement soit
l'orgueilleux et le luxurieux, soit le bon larron et le centurion
du calvaire. Il est friand d'étymologies: le paresseux (piger) est
un malade des pieds (pedibus aeger). Il jongle avec les nombres:
les quatre venues du Christ (dans la chair, dans l'esprit, à la
mort, en majesté), les sept béatitudes (selon le décompte
d'Augustin), mises en parallèle avec les sept paroles du Christ en
croix. Il cite les Pères de l'Église, les théologiens, les auteurs
spirituels (avec parfois une erreur: une citation de Pierre Lombard
attribuée à Augustin) sans négliger les classiques latins: «des
peuples indiens se nourrissent exclusivement de l'odeur des fruits
sauvages» (Solinus, Polyhistor). Il accumule les considérations
morales sans s'attarder à des exposés systématiques (voir pourtant
un exposé sur la réviviscence des péchés). Il s'adresse à tour de
rôle aux contemplatifs, aux pénitents, aux religieux… Il s'élève
violemment contre les puissants du monde, les orgueilleux et les
luxurieux, les prélats ambitieux et usuriers… Le tout est ponctué
de courtes prières. Le présent ouvrage, étant le troisième d'une
série de quatre, ne comporte ni introduction ni index. - P.-G.D.