Sermons eckhartiens et dionysiens, éd. Fr. Bertin

Nicolas de Cues
Histoire de la pensée - Recenseur : Bruno Clarot s.j.
Nicolas Krebs ou de Cues (1401-1464) est né près de Trèves et fut doyen à Coblence. En 1433 il écrit une Concordance catholique pour réformer les structures de l'Église par une autorité papale équilibrée par la collégialité, la réconciliation avec les Orientaux, le Pape étant primus inter pares, n'ayant pouvoir direct que sur les Latins et assisté de Cardinaux élus par les Églises locales. En 1437, dans La docte ignorance, il affirme que l'univers a son centre partout et sa circonférence nulle part. Dans ses Conjectures, il soutient que Dieu attend le travail des hommes pour le devenir de l'humanité. Évêque et Cardinal, il parcourt les pays germaniques pour exiger la réforme du clergé, l'instruction des fidèles et leur participation plus active à la liturgie. Dans La paix de la foi, il ose imaginer un Concile de toutes les religions pour réconcilier toutes les croyances sous la présidence du Verbe. En 1459, il est chargé du gouvernement des États Pontificaux. Il fut le précurseur de Lefèvre d'Étaples, Leibniz et Hegel. Ce bref résumé montre à suffisance qu'on a affaire à un homme hors du commun, aux idées étonnamment modernes. Nicolas a énormément écrit et l'édition complète de ses oeuvres est en bonne voie.
Ce volume présente cinq sermons prononcés entre 1439 et 1456, caractérisés par de fortes influences eckhartiennes et dionysiennes (= le pseudo-Denys l'Aréopagite). Dans Dies sanctificatus (Noël 1439), il évoque les trois naissances du Christ: éternelle, temporelle et spirituelle. Dieu est inconnaissable en soi et, à son égard, la théologie négative est la plus adéquate. Tous les existants sont unifiés en Dieu par le Christ, unique Médiateur. - Le Verbe s'est fait chair I (27 déc. 1453) est bref et très eckhartien: quoique connaissable à travers ses oeuvres, Dieu se révèle aux seuls initiés capables de le scruter à travers l'écran du visible. - Dans Le Verbe s'est fait chair II (1er janv. 1454), la lumière du Verbe procède du Père des Lumières, et la lumière de notre intelligence émane de celle du Verbe. Le monde créé peut fort bien avoir toujours existé sans que, pour autant, il soit co-éternel à Dieu.
- Dans Où est le nouveau-né? (Épiphanie 1456), Nicolas aborde deux thèmes très eckhartiens: Dieu est le bien de toutes choses, et ensuite, où est Dieu? Dieu est origine et fin de tous les êtres; notre temps dérive de l'éternité divine… - Tu es toute belle, ma bien-aimée (8 sept. 1456) traite explicitement de la Beauté en empruntant ses idées au pseudo-Denys l'Aréopagite et à St Albert le Grand. L'amour rend l'âme belle et Marie est la plus belle des créatures. Beau et Bien coïncident en Dieu. La beauté comporte harmonie, resplendissement et se reflète dans l'ordre, la proportion et la concordance. La laideur est imputable aux défaillances des sujets récepteurs de la beauté divine. Au ciel, l'homme contemplera la Beauté absolue. Voilà quelques-uns des thèmes de ces sermons. Chacun d'eux est précédé d'une abondante introduction. - B. Clarot, S.J.

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