Ayant vécu 20 ans au Japon, l'A., prêtre de la Société des
Missions étrangères de Paris, très au fait de la culture japonaise
et de sa littérature, est reconnu comme le meilleur connaisseur de
Shûsaku Endô et de son oeuvre. Le sous-titre de son ouvrage est
justifié ! Endô, façonné par une expérience familiale et
nationale, très éprouvé dans sa chair et au creux de sa vie, dans
son catholicisme et sa sensibilité aiguë, explora la question qui
focalise l'ensemble de son oeuvre (déjà traduite et présentée en
français) : y a-t-il une place pour le christianisme au
Japon ? D'abord nouvelliste, Endô aimait se définir comme
« romancier japonais chrétien ». La majeure partie de sa
production romanesque met en effet en tension le déchirement
existentiel que représente pour la sensibilité japonaise l'adoption
d'un nouveau monde, non seulement religieux, mais aussi porteur
d'une éthique culturellement occidentale. Après trois ans
d'études littéraires en France, il avouait, dans un essai
intitulé Moi et le christianisme (1963) :
« Je ne suis né nulle part ailleurs qu'au Japon où l'histoire,
la culture ou la tradition n'ont absolument rien à voir avec le
christianisme. J'ai finalement réalisé à l'adolescence que la
sensibilité japonaise ne relevait pas du christianisme. De plus,
que cette sensibilité japonaise qui n'avait pas été gauchie en moi,
restait cachée au fond de mon coeur. » C'est de là, au centre
de la reconnaissance fervente et parfois inquiète du Christ et du
salut qu'il offre aux trajectoires humaines bouleversées, que naît
l'oeuvre dramatique, puissante et compatissante d'un familier des
souffrances de la nature humaine. Un glossaire facilitera la
lecture de cette excellente monographie et les indications
bibliographiques permettront d'aller plus avant dans cette
découverte. - J. Burton s.j.